Pô compliqué à pitcher, un guerrier viking venge son père, tué par son oncle. On est convaincu que la simplicité est une vertu, donc on y est allé confiant, si ce n’était les retours mitigés. Simple ne veut pas dire con, mais il faut se rendre à l’évidence, le script est vraiment mauvais (et con, donc), on imagine Robert vouloir que son film garde quelque chose du mythe qu’il adapte, quelque chose d'opératique peut-être, mais les mythes, s’ils sont intéressants dans leur interprétation, sont généralement ennuyeux à lire. Compter sur la force de ce mythe en le filmant tel quel, sans en faire une vrai adaptation, est forcément une erreur. La partie à l’air d’être trop facile pour Amleth, les scènes où il morfle ne donnent jamais vraiment, on devrait être frappé de stupeur quand, par exemple, il a la révélation que c’est sa mère qui a commandité le meurtre, mais non, on se dit que c’est joli, bien filmé, les costumes et décors sont chouettes, et voilà. Joli, c’est peut-être une partie du problème, malgré les horreurs que Robert nous impose, on a rarement le sentiment que c’est sale, brutal, le film s’occupe plus de rendre chaque moment graphique plutôt que de nous faire ressentir ce qu’il se passe. On a aussi un problème avec Alexander Skarsgård, très physique mais pourtant dévitalisé, peut-être aussi à cause d’une stylisation excessive. L’acteur qui joue l’oncle félon est par exemple mieux incarné. Il est également dommage que Bjork et Willem Dafoe ne soient pas employés d'une manière plus surprenante, ils font le numéro que l'on attend d'eux pluis disparaissent. La mise en scène participe de cette stylisation qui gèle chaque plan et prive le film du souffle dont il avait absolument besoin, c’est sûr qu’il y a des plans séquences qui impressionnent, à défaut de ravir, mais on repère trop souvent des mouvements de caméra très géométriques : travelling arrière toute, stop, rotation 90 degrés gauche, puis on repart en travelling avant. On dirait des maths. On est aussi effaré par l’abysse entre l’ambition du projet et ce script con et maladroit. La relation entre Amleth et Olga relève de la bibliothèque rose, ou prenons par exemple ce moment ou le chaman du coin informe Amleth que sa quête passe par l’appropriation d’une certaine épée, ah ben ça tombe bien, elle était à 100 mètre de là, c’est trop facile et enlève toute valeur à l’objet. On est méchant, tout n’est pas à jeter, mais c’est qu’on est déçu, car on avait vraiment aimé The Witch. A la fin, on a pensé au Château de l'Araignée, Akira adapte son Shakespeare, il ne se gêne pas pour styliser son film et pour emprunter au théatre, mais la démence, la folie et l’effroi sont bien là, Toshiro Mifune bouffe chaque scène, Isuzu Yamada nous donne la chair de poule rien qu’en bougeant le petit doigt… On a aussi pensé à Excalibur, Merlin n'y est pas écrit tel que l'on se le représente, il y a une vraie reflexion et une vraie adaptation. (vu en 2022)