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La Diablesse aux 1000 Visages
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24 février 2021

La Bête aveugle (Môjû) 1969 Yasuzô Masumura

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Aki, qui a posé nue pour un artiste photographe, est kidnappée par Michio, sculpteur aveugle, qui veut réaliser son chef d'œuvre en la prenant comme modèle : une sculpture destinée au touché. Encore un film remarquable - pourquoi n’a-t-il pas encore bénéficié d’une restauration ? - où Masumura exerce son art du récit concis. Il y a d’un côté la fille moderne, superficielle et pas spécialement aimable qui fait son chemin avec ses jambes, de l’autre un homme renfermé, obsédé par une idée fixe et encore dans les jupes de sa mère. Son atelier empli de « morceaux » de corps féminins est bien sûr son espace mental. Après un déroulement prévisible, le film opère un drôle de glissement et plonge dans l'abîme. Dans le noir de l’atelier, au contact de Michio, Aki perd peu à peu la vue et passe du côté obscur, dans le royaume charnel du touché. Michio quant à lui sort de son univers d’enfant et fait l'expérience de la chair. Débarrassés ainsi du monde des apparences et de la sublimation, ils sont tous deux happés dans une région reculée et oubliée, primitive et originelle, où seul compte le plaisir, dont la stimulation les pousse toujours plus loin dans l’horreur. D’une beauté macabre, ce n'est à aucun moment un film d’horreur, même si on en retrouve des thèmes récurrents : séquestration, couple mère-fils psychopathe, univers mental déviant, vampirisme et mutilation. Masumura livre une œuvre extrême qui suscite assurément l’effroi, mais c’est avant tout, comme souvent chez lui, l’histoire d’une passion, toujours destructrice. (vu en 2021)

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