D'abord, il faut le dire, car c'est comme une épreuve, ce sont de lents panoramiques, zooms, travellings les uns après les autres, habités par des personnages immobiles, qui, quand ils dialoguent, laissent passer cinq, dix secondes pour répondre "yes", "OK", ou "no". Les deux premiers épisodes donneront envie d'abandonner ou de continuer. J'étais sceptique après le deuxième, mais je me rappelais que je l'étais encore plus après The Neon Demon, avant d'y repenser les jours suivant, de me mettre à l'aimer et d'avoir envie de le revoir, bien m'en a pris. Et on se dit que Nicolas ne fait pas ça juste pour se faire taper dessus, il doit y avoir autre chose. Alors on continue, et on se met à aimer ça, à attendre le prochain avec appétit. A l'évidence, si on l'avait laissé faire, The Neon Demon ou les deux d'avant aurait sans doute ressembler à ça, c'était juste impossible en salle. Ses personnages sont des icônes, prenant la pose dans des paysages surtout urbains, sur un fond sonore dark, planant. On dirait que NWR en a ôté toute vie, pour ne laisser que quelque chose qui ressemble à un patch sur un blouson, et pourquoi pas ? Le gars travaille dans l'ornement, le motif, pas dans la profondeur, et après ? La série est assez souvent déceptive, d'abord parce que tout n'est pas réussi (l'exécution des flic mexicains, un exemple parmis d'autres), parce que chaque scène se veut too much, évidemment, mais aussi parce qu'elle ne nous donne pas ce qu'on espère. On tend vers une confrontation entre notre flic ripoux et notre psychomexicain, qui n'aura pas lieu, pas comme on l'aurait espéré en tout cas. WR ouvre des pistes, met des heures à nous attacher à tel ou tel personnage puis laisse tomber, nous laisse tomber, nous rattrape et nous propose à la place deux femmes vengeresses, et c'est dans les trentes dernières minutes que l'on se rend compte que c'est d'elles dont il s'agissait tout du long. Reste en mémoire une poignée de scènes que l'on oubliera pas, celles avec Yaritza, la grande prêtresse de la mort. Tout le cinéma de NWR se trouve entre le blouson de Drive et celui de Yaritza. (vu en 2020)