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La Diablesse aux 1000 Visages
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28 août 2020

Rage (Rabid) 1977 David Cronenberg

rage

Très proche de Frissons, avec un rythme et une progession dramatique mieux maitrisés, avec encore quelques approximations, c'est vrai que ça n'a pas dû être facile de règler certaines scènes difficiles avec le peu de budget (et d'expérience) qu'il avait. On a à l'arrivée un film non sans défaut, brutal, direct, noir, le côté cheap participant à cet aspect peu aimable. Je suppose que Cronenberg à le sens de l'humour (noir), mais le film lui ne rigole pas, il réussit à maintenir son sérieux. Très graphique, le gore n'est pas là pour lui même, toujours contrebalancé par une terreur insidieuse, versant visible de cette invasion de l'intérieur. La grande idée est de caster Marilyn Chambers en prédatrice sexuelle dépassée par sa libido. Cronenberg a dû penser à situer son dard mortel ailleurs que sous son aisselle gauche, mais bon, c'était pas faisable, mmh ? (vu en 2020)

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26 août 2020

Duo pour cannibales (Duett för kannibaler) 1969 Susan Sontag

duo pour cannibale

Susan Sontag a aussi réalisé des films, ce n'est en tout cas pas pour celui-là qu'on se souviendra d'elle. Franchement, qui a vu ça ? Il doit bien y avoir quelque chose comme une critique de classes la-dedans, la main mise d'un couple aisé sur un autre... moins fortuné, qui le tient dans le brouillard, qui le mène par le bout de ses frustrations, des ses obsessions, de ses fantasmes. Ouais, Susan Sontag se débrouille bien à la caméra, mais le film est, au mieux, curieux, et il serait juste ennuyeux sans la présence d'Adriana Asti. (vu en 2020)

 

25 août 2020

Too old to die young 2019 Nicolas Winding Refn

too old to die young

D'abord, il faut le dire, car c'est comme une épreuve, ce sont de lents panoramiques, zooms, travellings les uns après les autres, habités par des personnages immobiles, qui, quand ils dialoguent, laissent passer cinq, dix secondes pour répondre "yes", "OK", ou "no". Les deux premiers épisodes donneront envie d'abandonner ou de continuer. J'étais sceptique après le deuxième, mais je me rappelais que je l'étais encore plus après The Neon Demon, avant d'y repenser les jours suivant, de me mettre à l'aimer et d'avoir envie de le revoir, bien m'en a pris. Et on se dit que Nicolas ne fait pas ça juste pour se faire taper dessus, il doit y avoir autre chose. Alors on continue, et on se met à aimer ça, à attendre le prochain avec appétit. A l'évidence, si on l'avait laissé faire, The Neon Demon ou les deux d'avant aurait sans doute ressembler à ça, c'était juste impossible en salle. Ses personnages sont des icônes, prenant la pose dans des paysages surtout urbains, sur un fond sonore dark, planant. On dirait que NWR en a ôté toute vie, pour ne laisser que quelque chose qui ressemble à un patch sur un blouson, et pourquoi pas ? Le gars travaille dans l'ornement, le motif, pas dans la profondeur, et après ? La série est assez souvent déceptive, d'abord parce que tout n'est pas réussi (l'exécution des flic mexicains, un exemple parmis d'autres), parce que chaque scène se veut too much, évidemment, mais aussi parce qu'elle ne nous donne pas ce qu'on espère. On tend vers une confrontation entre notre flic ripoux et notre psychomexicain, qui n'aura pas lieu, pas comme on l'aurait espéré en tout cas. WR ouvre des pistes, met des heures à nous attacher à tel ou tel personnage puis laisse tomber, nous laisse tomber, nous rattrape et nous propose à la place deux femmes vengeresses, et c'est dans les trentes dernières minutes que l'on se rend compte que c'est d'elles dont il s'agissait tout du long. Reste en mémoire une poignée de scènes que l'on oubliera pas, celles avec Yaritza, la grande prêtresse de la mort. Tout le cinéma de NWR se trouve entre le blouson de Drive et celui de Yaritza. (vu en 2020)

23 août 2020

L'Épreuve de force (The Gauntlet) 1977 Clint Eastwood

epreuve de force

S'il n'est pas un de ses grand films, The Gauntlet est plutôt bon, et tient la route plus de quarante ans après. C'est finalement un film plutôt bourrin, Clint joue un flic débrouillard mais pas finaud, qui devra bien se rendre compte que la prostituée qu'il doit convoyer est bien plus maline que lui. D'ailleurs, comme un aveu d'impuissance, le seul plan qu'il arrive à élaborer pour s'en sortir est de... foncer dans le tas, ce qui résume assez bien l'esprit du film. Le scénario ne donne pas dans la finesse donc, et l'on assiste à des fusillades qui criblent de trous une maison, puis une voiture, puis un bus. Ce côté bas du front est revendiqué, et le film est agréable, même si on sent la limite de cette démonstration de puissance de feu sans grand chose derrière, les méchants du film étant trop caricaturaux. (vu en 2020)

22 août 2020

Police fédérale Los Angeles (To Live and die in L.A.) 1985 William Friedkin

police federale

Voilà un film qui à la patate, qui raconte l'incroyable série de ratages de deux flics pour coincer un faux monnayeur, dans un monde uniquement régi par la circulation du fric. Seul notre flic casse cou s'en fout, obsédé par l'idée de coincer sa proie et d'être le meilleur cow boy de la ville. L'idée fixe comme unique échappatoire au capitalisme triomphant. Une poursuite de voiture d'anthologie, notre flic qui clamse d'une manière complètement inattendue dix minutes avant la fin, L.A. montrée comme une immense usine à produire des biens et à faire circuler les dollars, tout le monde profite de tout le monde, c'est noir, très noir, cynique, mais ça n'empêche pas Friedkin d'emballer ça dans une forme incroyable, énergique, haletante, directe, et ma foi hautement jouissive. Et pour clarifier quelques points : les pantalons moule burnes de William Petersen et la musique de Wang Chung ne sont pas un problème, ce sont les années 80, et c'est peut-être bien le meilleur film de cette décennie. (vu en 2020)

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5 août 2020

Zombie for sale 2019 Gimyohan gajok Min-jae Lee

zombie for sale

Il y a trop de film de zombie ces dernières années. Celui-là essaie d'être trop de choses à la fois : une comédie zombie, une romance zombie, et aussi un film de zombie tout court. On y retrouve ces abrutis de la cambrousse coréenne qu'on a déjà vu plein de fois, qui sont plutôt marrant quand il veulent. En effet, c'est drôle... au début, par exemple quand ils regarde Train to Pusan pour savoir à quoi ils ont affaire. Puis rapidement ça ne va nulle part et ça n'a rien à dire. La fin donne dans la surenchère, une spécialité coréenne, comme un repas trop copieux qui ne se termine jamais.

4 août 2020

Le Miel du diable (Il Miele del diavolo) 1986 Lucio Fulci

miel du diable

Les premières minutes donnent envie de fuir, ou de continuer tellement c'est gros et, il faut le dire, de mauvais goût (un truc avec un saxo dégoulinant à la place d'une...bref). Bon, on se dit que l'on n'est pas une sainte-nitouche, et on continue. Que voit-on alors ? Diverses coucheries d'une générosité toute latine dans leurs représentations, avec du poil s'il vous plaît (les années 80 avait du bon), une Blanca Marsillach (la soeur de Cristina) qui n'est certes pas là pour son talent d'actrice, habillé (des fois) ou pas (le plus souvent), sa tronche à gifle de petit copain, et une drôle d'histoire, mélange de sexe paillard et d'amour pervers (ou le contraire), maladroitement racontée, bref, on se dit qu'on a tiré le gros lot. Tout du long, on a l'impression que ce n'est pas bon, voilà. Mais on remarque ça et là des détails dissonants qui donnent un drôle de ton à certaines scènes, comme ce chien qui aboie méchamment et se jette contre la porte pendant qu'ils font la chose à l'intérieur, et petit à petit un ton malaisant subvertit ce film que l'on croyait innofensif et un peu bête. Puis en y repensant, on y trouve quelque-chose, comme si Fulci nous avait raconté une histoire noire et désespérée, à sa manière, maladroite donc mais aussi personnelle, avec des moment douteux mais d'autres assez forts, au-delà du bon ou du mauvais, en y croyant et en se foutant complètement des canons esthétiques et narratifs en vigueur. Alors ce n'est sans doute pas ce que j'appellerais un bon film, et c'est même un peu pénible, mais il y a indéniablement une force qui se révèle après coup, il y a en tout cas plus que ce que l'on voit en surface, et on se rend compte qu'il sera difficile à oublier, d'ailleurs on ne le souhaite pas. (vu en 2020)

3 août 2020

L'Inspecteur ne renonce jamais (The Inforcer) James Fargo

inspecteur ne renonce jamais

C'est pas qu'on s'emmerde, c'est très regardable, mais c'est un peu la routine. Clint crispe un peu trop bien la machoire, répête un peu trop "marvellous", enfin ça sent la caricature par moment. Et il y avait une chance à saisir en lui collant une femme comme coéquipière, mais le traitement est un peu fainéant. Evidemment c'est à des kilomètres de l'original, qui après tout n'appelait pas de suites. Pas désagréable. (vu en 2020)

3 août 2020

Le Sixième sens (Manhunter) 1986 Michael Mann

sixième sens

Pour un film de 1986, il est toujours très beau aujourd'hui, pas du tout daté. Comme toujours chez Mann, le style est très affirmé, il est ici intemporel, classieux, on a déjà cette ville un peu abstraite, cette lumière froide. On a déjà également ces deux mondes qui ne se mélange pas : d'un coté la vie sentimentale, familiale, de l'autre le monde professionnel, où l'on est un spécialiste, où l'on se donne à fond. C'est ce monde là qui est beaucoup plus intéressant évidemment, celui qui drive ses personnages, l'autre n'est là que pour rétablir l'équilibre. C'est Dollarhyde qui emporte la mise ici, le film gagne un second souffle dès qu'il entre en jeu. Il n'est pas montré comme un timbré de plus (qu'il est quand même), il est touchant quand il est dans les bras de Joan Allen. La scène où celle-ci passe sa main sur la mâchoire du tigre est belle à en trembler, même Dollarhyde n'y croit pas. (vu en 2020)

2 août 2020

Les Vierges de Satan (The Devil rides out) 1968 Terence Fisher

vierges de satan

Voilà quelques années que j'ai envie de voir ce film. Penses-tu : Terence Fisher, Christopher Lee, Richard Matheson au scénario, de la sorcellerie, mama mia. Beh c'est tellement mauvais que c'en est amusant. Il a pas dû se surmener en écrivant ça, le gars Matheson : on ne saura rien de rien de ses personnages, qui sont-ils, que veulent-ils, etc. Pourquoi l'un deux arrive en hélico au début du film ? On s'en fout. Pourquoi, avant de s'inquieter de la disparition de son ami et d'appeler l'autre à la rescousse, Christopher Lee n'est pas allé voir s'il était chez lui (vu qu'il y était) ? On s'en fout. De même, Christopher Lee s'absente deux fois, laissant les autres se démerder, puis réapparait, sans qu'on sache vraiment pourquoi. Ou alors Leon Greene qui épie une messe noire en pleine forêt, aussi discret derrière son buisson que s'il éclusait un Mannhatan au bar de l'hôtel de la Paix. Bon, la liste des questions sans réponses, raccourcis maladroits, situatios ridicules et autres coïncidences invraisemblables est très longue. Christopher Lee porte bien le costume trois pièces mais ne fait pas grand chose d'autre. Terence Fisher fait le minimum du minimum lui aussi. Les effets spéciaux sont pô terrible, ont mal vieilli, mais c'est pô grave. Bref un script pas en état d'être filmé, et un film nanardesque. La seule bonne chose reste le titre français, malheureusement mensonger. A noter que le film inclus sa propre autocritique quand Paul Eddington, pas convaincu de l'existence du diable, émet son avis : -"Frankly, I think we're behaving like a pack of idiots.". A noter également, dans le rôle de Tanith, Nike Arrighi, qui joue la maquilleuse dans La Nuit Américaine. En 1968, ces vierges ne risquaient pas de faire de l'ombre à Polanski. (vu en 2020)

2 août 2020

Le Démon dans la chair (Il Demonio) 1963 Brunello Rondi

démon dans la chair

Je m'attendais à un film d'épouvante gothique à la Bava. Quel film étonnant, on ne sait pas très bien, au début, à quoi on a affaire. On nous dit avec le plus grand sérieux qu'on va nous montrer de la magie noire telle qu'elle est vécue dans ces régions ancestrales de l'italie du sud, OK, et effectivement on voit une jeune femme qui concocte un sort, et surtout les habitants de ce village qui sont aussi superstitieux que je suis fainéant. On est pas encore sûr de ce que l'on regarde, mais il est clair que c'est tourné sur place, que la plupart des rôles sont tenus par les habitants eux-mêmes. Alors, cette femme est-elle une sorcière ? C'est là que le film est fort et étonne : hormis quelques détails, rien ne permet d'affirmer qu'il y a effectivement de la magie dans l'air, elle est peut-être juste un peu trop amoureuse et passionnée, voir un peu fêlée, et c'est peut-être tous ces culs-bénis qui en font une sorcière (ils ont l'air de s'y connaître, en bûcher notamment). De même, rien ne permet d'affirmer qu'il n'y a pas quelques diablerie à l'oeuvre ; il faut voir cette scène à l'église où elle crache sur le prêtre, grimace devant un crucifie, fait la marche de l'araignée et se met à parler une langue qui ne ressemble pas trop au patois du cru. A ce propos, il est impossible de ne pas penser à l'exorciste en voyant ça... Il n'y a pas tout le folklore habituel, pas de maquillage, pas d'effets spéciaux, pas d'apparition, aucune scène qui cherche à choquer ou à faire peur, rien d'incroyable donc, juste un chat crevé, des cendres de cheveux ensanglantés, une faux qu'on glisse sous un lit... Le scénario progresse par saynètes sans vraiment de continuité, sans suspens, à la façon d'un documentaire, relevé par une belle musique en contrepoint du ton du film, de Piero Piccioni. Du coup on a quelque chose comme un film d'épouvante néoréaliste, très directe et sincère. Brunello Rondi ne nous donne pas notre dose de sorcellerie règlementaire, mais en même temps si, en tout cas ne cherche pas la séduction (Rosemary's Baby, par exemple, terrifie et séduit, nous comble de joie), s'en tient au faits et propose un film qui se dérobe et s'impose à la fois. Daliah Lavi est parfaite, grande tige brune et belle, sorcière et victime.

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