J'ai adoré ce film dès qu'on a commencé à en parler dans la presse spécialisée de l'époque, avant même de le voir, c'était une promesse trop belle pour être vrai. Mais une promesse tenue. Alors c'est sûr que c'est furieux, ça va vite (en même temps c'est Tsui Hark, pas Antonionni...), on a peur d'être distrait un instant et de louper quelque chose, car chaque plan, chaque seconde, propose une idée de mise en scène passionnante. Ça m'a d'ailleurs rappelé Fury road, mais The Blade n'a pas de temps morts ou de scènes un peu ridicules, c'est la folie du début à la fin. J'ai aussi pensé à Leone, pour ces personnages brutaux, sales et impurs. The Blade construit une nouvelle forme, Tsui Hark semblant penser que la meilleure méthode pour s'affranchir des formes cinématographique du passé est de tout défoncer à coup de sabre. Il reprend donc un film fondateur, The One-Armed Swordsman, en varie, un peu, les thèmes, mais surtout le mâche et le recrache comme du chewing gum. Plus de civilisation ici, fini la chine classique, c'est le chaos, c'est une chine métissée avec l'orient et l'occident, barbare, irreconnaissable et étonnante, en violente rupture avec ses représentations traditionnelles. Plus de camaraderie, chacun sert son intérêt personnel, le sabre est brisé depuis longtemps, il ne reste que le quart des pages du manuel d'art martial, dévoré par le feu. La mise en scène tente des choses folles, les acteurs ne jouent plus pour la caméra, c'est le cameraman qui se débrouille pour suivre. C'est expérimental, radical, dans son filmage, sa photographie, son récit, et ses combats, bien sûr. Le plus étonnant c'est que ce chaos est tout à fait maîtrisé, ce n'est pas un film punk qui envoie tout promener, il y a tout le talent de son auteur derrière, et le résultat laisse la bouche grande ouverte. Après ça, les autres films d'action semblent à la traîne. (vu en 2020)