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La Diablesse aux 1000 Visages
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29 décembre 2020

Dernier caprice 1961 (Kohayagawa-ke no aki) Yasujirô Ozu

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Un veuf dont l’entourage essaie de marier deux de ses filles (lui a un peu l’air de s’en battre) cache à sa famille une relation avec une copine de jeunesse qu’il vient de retrouver. C’est un truisme de dire qu’il ne se passe pas grand chose dans un film d’Ozu, mais c’est particulièrement le cas dans celui-là. Quoi que. Le film a un mouvement du léger au grave : les affaires familiales bon enfant et les amours tus sont nuancées par des comportements plus rudes dictés par la nécessité (la copine retrouvée qui prétend qu’il est le père de sa fille, tu parles) puis la mort frappe et relativise tout ça. Il me semble que je n’ai jamais vu représentation du sentiment de mort plus franche, plus nue qu’ici, ne s'opposant pas à la vie mais participant du même mouvement. N’empêche, la scène du couple au bord de la rivière (d’ailleurs d’où sortent-ils ceux-là?) qui observe la fumée s’échapper de la cheminée du crématorium, entouré de corbeaux, surprend par sa noirceur, pour ne pas dire qu’elle glace les os, et on se dit qu'à cette époque, le père Ozu devait avoir tendance à considérer son verre de saké à moitié vide (il meurt en 1963). A part ça, je réalise en voyant Dernier Caprice combien son style est loin d’une certaine idée du réalisme : ces champs contre-champs désarmants, la caméra plantée bien en face des acteurs, ces plans sans perspective, ces inserts presque abstraits, cette sidérante harmonie de couleurs que la réalité serait bien en peine à produire, il n’y a ni expressionnisme, ni poésie, ni lyrisme, trop grossier tout ça, tout tend vers une forme neutre (utilise-t-il toujours la même focale?), vers les choses telles qu’elles sont, éphémères. (vu en 2020)

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28 décembre 2020

Pékin central 1986 Camille de Casabianca

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En 1986, Valérie accompagne son amant, journaliste et marié, qui fait reportage en Chine. Devant la lâcheté de celui-là, l’intérêt affectif de la dame va se déplacer sur le photographe qui les accompagne. Toute petite chose légère et sans prétention, avec une actrice « intelligente, sensible et qui possède un certain charme » (je cite son personnage), dont l’autre intérêt est d’avoir été la première production cinématographique internationale tournée dans la chine communiste, qui avait alors débuté son programme d’ouverture. Et en plus c’est un des films français les plus connus en Chine, paraît-il. Bien que le film ne se veut jamais un documentaire, la réalisatrice sait faire de la place aux chinois, dont la tenue en remontre à ces français « en vacances », toujours très forts pour se faire remarquer. L’image anodine d’un gars assis devant la fenêtre d’un train, fumant tranquillement sa clope, s’inscrivant dans le paysage défilant de l’autre côté, va me rester en mémoire pour longtemps. (vu en 2020)

25 décembre 2020

Les Éternels (Jiang hu er nü) 2018 Zhangke Jia

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Qiao (la géniale Zhao Tao) et Bin sont amants et à la tête d’une bande mafieuse à Datong. Quand Bin a des ennuis, Qiao fait de la prison à sa place. Lorsqu'elle en sort, Bin à mis les voiles. La première partie est plutôt flamboyante, et culmine avec cette scène superbe où Qiao brandit son revolver vers le ciel. Puis commence un autre film, le romantisme n’est plus là, comme s’il avait été digéré par les mutations bouleversant le pays. Très beau film, Jia parle des grands changements qui jalonnent l’histoire de son pays (son grand sujet), de la façon brutale dont ils changent les relations tant sociales qu’intimes, en étendant son récit sur 17 ans. Il a sa façon bien à lui de tirer son film vers le genre, du moins dans la première partie, et on prie pour qu’il puisse réaliser son wu xia pian un jour. (vu en 2020)

25 décembre 2020

L'Étrange Obsession 1959 Kon Ichikawa

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Kenji n’est plus tout jeune et voit sa libido s'amenuiser de jour en jour. Sa belle épouse Ikuko est attirée par le jeune docteur Kimura, le fiancé de leur fille Toshiko, qui lui-même n'est pas insensible à ses charmes. Kanji le remarque et la jalousie qu'il en éprouve lui redonne vigueur, il provoque donc le rapprochement entre sa femme et le jeune docteur. Elle joue le jeu, pas dupe, le docteur aussi, par intérêt. On assiste à un suspens mettant en scène les désirs circulants sous la surface de cette famille bourgeoise, cependant la fin, inattendue, suggère qu'il s’agit d’une comédie noire (on croit entendre le rire moqueur de l’auteur). En regard du sujet sulfureux, le film reste assez sage et posé, en outre le script manque un peu de lisibilité, ainsi les jeux de dupes complexes entre les personnages ne sont pas très clairs. Mais il vaut définitivement le coup d'œil, ne serait-ce que pour l'élégante réalisation d'Ichikawa. (vu en 2020)

25 décembre 2020

Bronco Billy 1980 Clint Eastwood

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Bronco Billy dirige un petit cirque ambulant. Il lui manque une assistante pour son numéro de cow-boy, c’est alors que la riche héritière Antoinette Lily croise sa route. Film de la veine intimiste d’Eastwood, il continue de déconstruire son personnage de star et parle ici de ce que le métier d’acteur représente pour lui. Il continue aussi de développer son approche artisanale (dans le bon sens du terme évidemment) de la mise en scène, avec savoir-faire et modestie, et de témoigner son affection aux gens ordinaires. (vu en 2020)

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24 décembre 2020

Le Couvent de la bête sacrée (Seijû gakuen) 1974 Norifumi Suzuki

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Maya entre au couvent, non pour trouver Dieu mais l’assassin de sa nonne de mère. Elle découvre que son père est le grand prêtre Kakinuma, qui a pour habitude de violer les bonnes sœurs venant lui confesser leurs péchés. Il a remplacé Dieu par Satan depuis belle lurette le bougre, parce qu’après la bombe atomique, le premier n’avait plus tellement la côte (ça se défend). Pour ce qui est de la charge anticléricale, ça fait toujours plaisir, mais on ne saurait prendre ça trop au sérieux, les nombreux blasphèmes et autres perversions relevant plus du jeu ou du fantasme que du brûlot. Et c’est assez cocasse de voir notre vénérable institution mise à mal par nos amis japonais (imaginons xxx tirer sur le shintoïsme…) mais je reconnais que ma chère grand-mère n’aurait pas approuvé. Mais après tout, on est dans de la pure exploitation, et on ne demande pas à Claude Pinoteau de pondre le film définitif sur la difficulté d’avoir des parents (je viens de voir La Gifle). Ceci dit c’est je crois un phénomène typiquement nippon que de s’approprier des éléments étrangers et de n’en garder que la surface. Quand à croire que la surface fait la profondeur, ça se discute. Suzuki, lui, à l’air d’y croire, il se lâche et compose de magnifiques plans à l’esthétique très forte qui font tout l’intérêt du film, l’important n'étant pas dans ce qu’ils disent mais dans ce qu’ils sont, comme un idéogramme calligraphié par un maître se substitue au sens qu’il véhicule (j’ai lu Barthe à l'époque). On a donc droit à diverses scènes de religieuses à poil tendance SM (s’il y a une place de concierge dans le couvent, je suis preneur), mais aussi de moments plus inattendus, comme la coupe des blés dans ce soleil de fin de journée façon toile de maître du XIXème. Quant aux inserts des photos de victimes du feu nucléaire , ils participent d’un film qui mélange de tout sans vergogne. (vu en 2020)

20 décembre 2020

Piège pour Cendrillon 1965 André Cayatte

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Après un accident l’ayant laissée gravement brûlée et ayant entraîné la mort de sa cousine, Michelle se réveille amnésique. Elle sent très vite qu’on lui cache quelque chose. La bonne surprise, c’est qu’on ne nous mène pas en bateau avec cette histoire dont on saisit immédiatement les potentielles machinations, en effet peu importe que cette femme soit Michelle ou Dominique, puisqu’elle n’est finalement ni l’une ni l’autre. Cayatte nous entraîne dans une atmosphère trouble faite de meurtre et relations saphiques. Les femmes, très volontaires, sont l’épicentre de ce récit, (les hommes sont leurs jouets), surtout la mimi Dany Carrel, que Cayatte n’hésite pas à déshabiller (faut dire qu’elle est bien dessinée). Sa mise en scène parait un peu raide au début mais, le film devenant de plus en plus intéressant au fur et à mesure de son déroulement, on va dire qu’elle est simplement d’une belle rigueur. Et Dany Carrel donc, qui joue trois personnage qui n’en font qu’un, est assurément le point fort du film. Non qu'elle ait un jeu particulièrement bon, elle à tendance à en rajouter dans ses trois personnages, mais Cayatte sait l'observer et la faire briller. On pense à Balthus, par exemple lors du plan où Do regarde Mi faire la sieste. Très belle découverte. (vu en 2020)

19 décembre 2020

Amsterdamned 1988 Dick Maas

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Un flic tente d’arrêter un tueur qui sévit dans les canaux d'Amsterdam. On comprend dès le début que c’est pas sérieux tout ça, et qu’on va avoir droit aux figures obligées du genre : les meurtres gores toutes les 20 minutes, le flic cow boy, sa hiérarchie, la p’tite romance, etc. Esthétiquement, le couteau érigé entre les cuisses d’une victime, ou le pied dans la pâtée du chien, annonce le programme : Maas ne donne pas dans la subtilité, disons qu’il fait preuve de décomplexion. Il nous balade dans Amsterdam qui pourrait bien être le personnage principal du film (pas de coffee shop ni de filles derrière les vitrines, mais on passe vite fait devant La Garde de Nuit, il veut nous dire quelque chose ?). N’empêche, il s’en tire plutôt bien (sauf pour la musique !), avec une poursuite en hors-bord très bien menée, et après tout il narre la traque d’un plongeur qui ne se déplace que dans ces fameux canaux, c'était pas gagné. (vu en 2020)

19 décembre 2020

Le Dossier noir (Kuro no hôkokusho) 1963 Yasuzô Masumura

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Un homme d'affaires est retrouvé chez lui,  le crâne fracassé. Un procureur enquête et tente de voir clair parmi tous ceux qui pourraient avoir un mobile : l’épouse méprisante qui trompe son mari, l’amant qui doit de l’argent, la secrétaire et maîtresse qui en a marre d’attendre le divorce… Le procureur apprendra que la vérité est une chose, la justice une autre : un sport où le plus costaud l’emporte, dixit l'avocat véreux. Pas mauvais, loin de là, mais on dirait que ce script assez bavard n’est pas l’os à ronger que Masamura pouvait espérer. La belle Junko Kano joue un personnage intéressant, qui tente de s’arranger comme elle peut avec les circonstances et sa conscience, un beau personnage féminin qui rappelle, de loin, A Woman Testament. (vu en 2020)

19 décembre 2020

LEAP (Duo guan) 2020 Peter Ho-Sun Chan

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C’est la fin des années 70, Lang Ping en chie dans l’équipe nationale féminine de volley-ball, ouais en Chine on n'a pas les facilités des pays capitalistes mais on a le fighting spirit. L’équipe gagne les championnats du monde cinq fois d’affilée. Puis en une ellipse qui laisse coi, on est en 2004, Lang Ping, toute cassée, est entraîneuse... de l’équipe US, qui met la pâtée aux chinoises qui organisent leur JO. Traîtresse, va. Ellipse. JO de Rio. Lang Ping entraîne cette fois l’équipe chinoise, qui bat les brésiliennes  et rafle la médaille d’or. Donc tout va bien. Les matchs occupent la moitié du film, les vraies joueuses des années 2000 jouent leur rôle, ce qui en dit long sur l’intention de cette production, qui n’arrive jamais, après sa première partie vintage du reste assez ratée, à être autre chose qu’un documentaire, où les matchs historiques sont quasiment reconstitués. Les éléments dramatiques qui occupent l’espace entre les matchs sont du remplissage sans intérêt. Gong Li ne peut rien jouer, coincée sous sa perruque et ses lunettes. De la même manière, le film souffre, gêné par son souci non d’authenticité mais d’imitation. Drôle de truc, sorte de docufiction nationaliste, très mauvais, évidemment. (vu en 2020)

18 décembre 2020

Passions juvéniles (Kurutta kajitsu) 1956 Kô Nakahira

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Ou Crazed Fruit en anglais, plus poétique. Triangle amoureux entre deux frères et une jeune femme, sous le soleil d’été d’un bord de mer, pas loin de Tokyo. Crazed Fruit parle d’une certaine jeunesse désabusée qui revendique l’ennui comme seule manière de vivre, et de leur sexualité débridée, détaché du sentiment amoureux ou du mariage, excepté le jeune Haru, encore innocent. Son frère Natsu et la jeune Eri ont renoncé a leurs idéaux (s’ils en ont jamais eu) : ils cedent tout deux aux plaisirs de la chair, la jeune femme étant plus calculatrice puisqu’en outre elle sait tirer profit du désir qu’elle inspire (elle est mariée à un étranger qui doit avoir l’âge de son papa). N’empêche, ils sont tous deux attirés par l’innocence d’Haru (cette innocence qu'ils n'ont plus), la demoiselle en est amoureuse, son frère en est jaloux. Quand ces deux là sont ensemble, c’est finalement vers Naru que vont leur pensées. Très beau film, Nakahira saisit bien la frivolité, l’amertume et bientôt le drame tapis sous le soleil d’été, et sait distiller un érotisme discret mais franc. (vu en 2020)

 

15 décembre 2020

Black test car (Kuro no tesuto kâ) 1962 Yasuzô Masumura

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Tiger Motors s’apprêtent à sortir une nouvelle voiture de sport. Leur concurrent, la Yamato, tente de les devancer. Finie la guerre des caramels (Giant and toys), les méthodes qu’emploient ces deux compagnies rivales n’ont rien à envier aux yakuzas : vol, extorsion, chantage, proxénétisme, pousse au suicide, tout est bon pour sortir sa bagnole en premier, au meilleur prix. Les salaryman sont des anciens de la guerre de Mandchourie, et ils se définissent eux mêmes espions industriels. Masumura met en scène ce balai d’ordures comme un film de gangsters, veille à dynamiser ses plans en plaçant sa caméra au plus près de ses personnages, il est bien servi par un noir et blanc charbonneux et un score dramatique. Les rares rares fois où l’on voit des voitures, elles ressemblent à de funestes engins de mort, des espèces de cercueils sur roues, ou alors ce sont des amas de tôles froissées. Les grandes compagnies qui se substituent à la famille révèle leur vrai visage et en prennent pour leur grade. (vu en 2020)

13 décembre 2020

L'Homme qui ne vécut que pour aimer (Koshoku ichidai otoko) 1961 Yasuzô Masumura

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Yonosuke ne veut pas marcher sur les traces de son père, penses-tu, ce radin qui croit que le plaisir ultime dans la vie, c’est d’amasser un max de blé. Il sait bien, lui, que la seule chose qui compte ce sont les femmes. Toutes des déesses, et ce qu’il veut vraiment, c’est rendre heureuses toutes les femmes du Japon (surtout les mignonnes). Masumura adopte une forme picaresque, ridiculise le bushido (vaut mieux mourir dans les bras d’une frangine qu’au fil de l’épée, y’a pas photo), et en profite pour dénoncer le sort des femmes dans ce Japon encore moyenâgeux (soit tu subis ton mari bourré du matin au soir, soit t’es une sorcière et tu te retrouves aussi sec pendue ou décapitée, sinon tu peux faire geisha aussi). Certaines scènes annoncent la beauté des étoffes glissant sur les épaules blanches de Tatouages. Cela aurait pu donner un bon film, ne serait-ce ce ton de comédie potache et le jeu dans le même sens de Raizo Ichikawa. On pense très vite à ce qu’Imamura en aurait fait. (vu en 2020)

10 décembre 2020

État de siège 1972 Costa-Gavras

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Dans un pays d'Amérique latine, un commando de gauche enlève l'ambassadeur du Brésil et un expatrié américain qu’ils soupçonne de turbiner pour la CIA. On assiste à la présentation des forces en présence, le gouvernement à la solde des Etats-unis, les escadrons de la mort, le groupe clandestin de gauche, les journalistes, les étudiants… et à la façon dont les US infiltre le pays et y forme des officiers aux techniques de torture et de répression (d’annihilation?) envers tous ceux qui se trouvent un peu trop du côté de la liberté. La mise en place des enlèvements, les ballets des voitures, les fouilles des militaires, la situation d’heure en heure, Costa-Gavras arrive à montrer tout ça très clairement, comme un bon prof, sans que l’on ait l’impression d’assister à un exposé, et en intéressant son auditoire (on dirait même qu'il y prend même du plaisir, le bougre, et pourquoi pas, einh ?). Il réussit parfaitement aussi bien ses scènes musclées que ses interrogatoires ou les débats au parlement. Pas question de suspens, on n’est pas là pour ça, donc il nous montre l’issue dès le début. Édifiant. (vu en 2020)

10 décembre 2020

Mank 2020 David Fincher

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Brillamment illustratif, la reconstitution est l’exécution sont nickels, avec leurs lots de références et de name dropping (dont beaucoup nous échappent, évidemment). Illustratif donc, parce qu’on sent David très concentré sur la technique (comment filmer les années 30 en 2020) et sur l’Histoire, et n’a  guère l’opportunité de développer de réflexion, mais loin d’être désagréable, super beau, et dans la filmo de fincher, qui a des hauts et des très bas, il se tient bien. D’ailleurs Fincher nous parait être un cinéaste qui pousse loin la représentation mais qui se passe de réflexion (c’est peut-être le point le plus intéressant chez lui), ou plutôt dont la représentation est la reflexion, là où Citizen Kane faisait les deux. Certes, Gary Oldman est un peu trop dans la course à l’oscar, mais on le suit, lui et ses bons mots, sans déplaisir, comme le film. (vu en 2020)

9 décembre 2020

Citizen Kane 1941 Orson Welles

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Il parait que c’est LE meilleur film de tous les temps pour des siècles et des siècles, amen. Du coup je l’ai regardé sur mon ordi, histoire de désacraliser la chose. Oui c’est impressionnant, on sent un appétit d’ogre à vouloir remplir chaque plan d’idées, plans par ailleurs baroques, magnifiques (cette façon dingue de distribuer ombres et lumières, et bien sûr cette profondeur de champ vertigineuse, ce grand angle qui tend parfois à donner aux images la force d'une caricature). Les images sont toujours chargées d’énormément de détails, mais toujours extrêmement lisibles. C’est une immense construction pleine de recoins qu’on ne finirait jamais d’explorer, à l’image de Xanadu. Et dans tout ça, le petit détail sur lequel le film, et cette vie, sont construits, joli. On nous parle de la corruption des idéaux par le pouvoir et l’ambition, d’un homme qui a tout mais ne peut avoir l’amour d’une femme, de la puissante nostalgie de l'enfance perdue. Difficile de ne pas imaginer que Welles ne nous parle pas de lui-même. Devant ce monument, depuis mon canapé, je me permet de relever qu’il m’est difficile de me laisser à l’émotion que le film veut susciter, trop eclipsée par la cette forme brillante (j’avais le même sentiment pour la soif du mal). (vu en 2020)

8 décembre 2020

Le gars des vents froids (Karakkaze yarô) 1960 Yasuzô Masumura

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Takeo, yakuza de son état, sort de prison et doit batailler avec un gang rival, de plus il rencontre la mimi Yoshie, qui le poussera vers la sortie. Cette trame qu’on a déjà vu 1053 fois depuis est ici menée d’une manière quelque peu anonyme par Masumura, dont on attend un peu plus. Sans être mauvais, il ne donne guère vie à ces yakuzas, à ces quartiers, bref il assure le minimum. On dirait que le film est un véhicule pour Yukio Mishima, on sent qu’il a dû prendre du plaisir à jouer ce mec tout en muscle et en cuir, mais son jeu est assez limité, et il a cette tendance à vampiriser chacune de ses scènes. (vu en 2020)

6 décembre 2020

La Légende de la sirène (Ningyo densetsu) 1984 Toshiharu Ikeda

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Dans une petite ville côtière, une femme est témoin du meurtre de son mari, assassiné par une bande d’homme d’affaires pourris, qui aimeraient bien construire une centrale nucléaire dans le coin. Un film plutôt surprenant, qui commence comme une chronique de cette petite ville, avec un triangle formé par un couple de pêcheurs tout juste marié auquel vient s'ajouter l'ami d’enfance du mari, fils d’une famille de nantis. La nuit, les hommes se retrouvent dans un bar pour se saouler la gueule et maudire leur vie misérable, la journée on assiste à la pêche aux abalones à laquelle s'adonne le jeune couple (elle plonge, il tient la corde, la confiance et le lien). C’est assurément un bon point du film de faire vivre ce genre de bourgade japonaise rarement vue au cinéma. Puis ça devient sentimental, façon amour fauché net et qu’est-ce qu’on devient après. Alors qu’on ne sait pas encore vers quoi le film nous emmène vraiment, Ikeda balance une scène de bête à deux dos qu’on dirait sortie d’un film rose, puis révèle ses intentions en empruntant la voie du film de vengeance avec généreux geysers de sang (il y a indéniablement un truc entre l’héroïne et le liquide). Ajoutons le rapport animiste de la femme avec la mer, la diatribe contre le nucléaire, et à la fin on a un conte sans doute un peu approximatif dans son écriture et sa mise en scène, mais attachant, et puis j'ai un faible pour les films de vengeance au féminin. (vu en 2020)

5 décembre 2020

Testaments de femmes (Jokyô ) 1960 Yasuzô Masumura, Kon Ichikawa, Kôzaburô Yoshimura

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Film à sketch mettant en scène trois histoires de femmes vénales (si c’étaient des hommes, on aurait dit ambitieux). Masumura est aux commandes du premier, pour lequel il retrouve Ayako Wakao. Elle travaille dans un club, essore le portefeuille des pigeons qui croisent son chemin, et trouve toujours une excuse pour ne pas finir dans leur lit. Jolie petite fable façon tel est pris qui croyait prendre, dont elle sort la tête haute . Le second par Ichikawa est très beau, Fujiko Yamamoto (quel profil !) y séduit sa proie en adoptant la grâce d’un fantôme (japonais). Le troisième est plus mélo et moralisateur, mais pas désagréable. On passe un bon moment grâce aux trois actrices et au talent des réalisateurs, ce qui est déjà très bien pour ce genre de film souvent inégal. (vu en 2020)

5 décembre 2020

L'Évadé d'Alcatraz (Escape from Alcatraz) 1979 Don Siegel

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L’évasion de Frank Morris d’Alcatraz. De l’arrivée à l’évasion, le script met un point d’honneur à aligner tous les éléments du film de prison, en évitant soigneusement d’y apporter quoi que ce soit d’original. Notons le parti pris astucieux de ne jamais parler des crimes commis par les prisonniers. Manifestement, Don Siegel croit à son scénario et à l’authenticité des lieus, et filme tout ça efficacement, sans esbroufe, et ça lui réussit, il n'était sans doute pas facile de se tirer de tous ces lieux communs du film de prison . On a l'impression d’avoir vu ça 342 fois, mais on suit la chose avec grand plaisir. Il fallait que le directeur de la prison soit à la hauteur, la bonne idée étant d’avoir pris Patrick McGoohan himself (ah ah), impeccable. (vu en 2020)

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