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La Diablesse aux 1000 Visages
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29 décembre 2020

Dernier caprice 1961 (Kohayagawa-ke no aki) Yasujirô Ozu

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Un veuf dont l’entourage essaie de marier deux de ses filles (lui a un peu l’air de s’en battre) cache à sa famille une relation avec une copine de jeunesse qu’il vient de retrouver. C’est un truisme de dire qu’il ne se passe pas grand chose dans un film d’Ozu, mais c’est particulièrement le cas dans celui-là. Quoi que. Le film a un mouvement du léger au grave : les affaires familiales bon enfant et les amours tus sont nuancées par des comportements plus rudes dictés par la nécessité (la copine retrouvée qui prétend qu’il est le père de sa fille, tu parles) puis la mort frappe et relativise tout ça. Il me semble que je n’ai jamais vu représentation du sentiment de mort plus franche, plus nue qu’ici, ne s'opposant pas à la vie mais participant du même mouvement. N’empêche, la scène du couple au bord de la rivière (d’ailleurs d’où sortent-ils ceux-là?) qui observe la fumée s’échapper de la cheminée du crématorium, entouré de corbeaux, surprend par sa noirceur, pour ne pas dire qu’elle glace les os, et on se dit qu'à cette époque, le père Ozu devait avoir tendance à considérer son verre de saké à moitié vide (il meurt en 1963). A part ça, je réalise en voyant Dernier Caprice combien son style est loin d’une certaine idée du réalisme : ces champs contre-champs désarmants, la caméra plantée bien en face des acteurs, ces plans sans perspective, ces inserts presque abstraits, cette sidérante harmonie de couleurs que la réalité serait bien en peine à produire, il n’y a ni expressionnisme, ni poésie, ni lyrisme, trop grossier tout ça, tout tend vers une forme neutre (utilise-t-il toujours la même focale?), vers les choses telles qu’elles sont, éphémères. (vu en 2020)

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