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La Diablesse aux 1000 Visages
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27 février 2021

Les hommes, quels mufles! (Gli uomini che mascalzoni) 1932 Mario Camerini

les hommes, quels muffles

Bruno fait la cour à Maruccia (“Beauté… tu me plais beaucoup”, simple). Elle est vendeuse dans une parfumerie, son père conduit des taxis la nuit et la réveille chaque matin avant d’aller aux plumes. Il est mécano, mais il n’a pas la thune pour s’acheter une voiture. Ils se plaisent, mais ils vont aller de quiproquos en malentendus avant de se comprendre. Charmante comédie romantique alerte et légère comme tout, mais pas si frivole qu’elle n’en a l’air, le film évoque le problème du chômage et plus généralement de la difficulté de mener sa vie dans cette Italie en ce début des années trente. Vittorio de Sica fait l’acteur as Bruno (il était quand même beau garçon), Mario Camerini assure (le montage de l’accident, pas mal). Le vrai plus du film est de sortir dans la rue, on reconnaît instantanément Milan (ça a pas beaucoup changé finalement), on visite la foire, et en prime on fait une virée sur le Lac Majeur, que demande le peuple ? (vu en 2021)

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27 février 2021

Le Sens du devoir (Wong ga jin si) 1986 David Chung

le sens du devoir

Michelle, fliquette de Hong Kong, à l’aide d’un agent de sécurité et d’un policier japonais, abat des gangsters dans un avion. Les frères d’armes de ceux-ci sont pas contents. Sorti sous le titre anglais Royal Warriors, connu aussi par le titre Police Assassins, par la suite devenu In the Line of Duty, alors que In the Line of Duty 2 (connu comme Yes Madam! Ou Police Assassins 2) est sorti un an avant, référencé sur IMDB sous Police action... il faut suivre, mais ça n’a pas vraiment d’importance. Dieu sait que j’aime les films où les filles tabassent, spécialement ceux de Hong Kong dont l’énergie n’a pas d’équivalent. Et ça tabasse ici, mais ce que le reste est con… L’histoire prétexte n’a aucun intérêt, Michael Wong et sa tête de mignon nounours est à gifler (il a ses fans cependant), on nous fait le coup de la famille qui meurt dans l’explosion d’une voiture piègée sous l’oeil du mari (le flic jap’), juste après un gros plan sur les yeux de la petite fille (ces Hongkongais n’ont peur de rien). Bref on ouvre grand les yeux devant les trois ou quatre grosses scènes de coups de pied dans la gueule, et on soupire le reste du temps. Des propos qui vont me discréditer devant les fans purs et durs du cinéma HK, je le sens. (vu en 2021)

27 février 2021

Sept morts sur ordonnance 1975 Jacques Rouffio

Sept morts sur ordonnance (1975) (Jacques Rouffio) 1080p FR

Le docteur Brezé est peu à peu victime des manœuvres pernicieuses du patron d’une clinique privée qu’il refuse de rejoindre, tout comme l’a été un collègue quelques années avant lui. On est dans un cinéma français estampillé années septantes qui veut dénoncer les travers de la société, comme le pratiquait Costa Gavras, ici la médecine comme business. C’est assez maladroit, tant dans ce montage parallèle dont on questionne l’utilité (il n’y avait pas besoin du segment avec Depardieu pour appuyer le propos), que dans cette mise en scène qui loupe beaucoup de choses (les meurtres, très mal foutus) et ne réussit rien (dur de se rappeler d’une scène qui se démarque), ces personnages secondaires guère intéressants (les épouses notamment). Tout ça a mal vieilli. (vu en 2021)

27 février 2021

Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia (Bring me the head of Alfredo Garcia) 1974 Sam Peckinpah

alfredo garcia

Benny s’embarque dans une drôle d’histoire : rapporter la tête d’un péon qui a déshonoré un boss mexicain en mettant sa fille en cloque (ben ouais ça se fait pas quoi). Benny prend donc la route avec sa copine Elita pour un voyage qui devait être facile, vu que le mec est déjà mort et enterré. Au programme, dynastie à l’honneur bafouée, tueurs au look de businessman véreux (comme un texan qui voudrait ressembler à un couturiers italien), anti héros fatigué, dans une épopée violente et désespérée se déroulant dans un vieux mexique poussiéreux, antichambre du nouveau monde. Benny est un fils de pute qui a choisi la liberté de mener sa vie comme il l’entend, malheureusement elle est hors de prix. Tout est foutu, tout est joué d’avance, il ne reste plus qu’à partir dans un geste empreint d’individualité, de liberté et de romantisme fiévreux. Il y a de sacrées gueules dont quelques-unes bien antipathiques, une certaine idée de la virilité, le constat d’un monde qui n’a plus aucune chance face au capitalisme, un Mexique merveilleusement bien filmé, le poids des morts qui tombe au ralenti. Le film devient hallucinant au moment où Benny sort de la tombe d’Alfredo, le cadavre de sa copine dans les bras, puis se lance sur les traces de ses tueurs, la fameuse tête entourée de mouches sur le siège passager. Benny le cabossé est de la pire espèce, et Peckinpah sait le rendre tendre et attachant. Sacrée ballade. (vu en 2021)

27 février 2021

La Cérémonie 1995 Claude Chabrol

la cérémonie

Sophie est la nouvelle bonne chez les Lelievre (!). Bosseuse, taiseuse et analphabète, elle se lie avec Jeanne, la postière du village, qui ne peut pas blairer cette famille de Bourgeois. C'est la description subtile des mécanismes pernicieux qui perpétuent ce système de classes sociales et qui aboutissent à ce fais divers criminel. Les Lelievre ne sont pas méchants, juste privilégiés, Sophie et Jeanne sont certes défavorisées mais ont également leurs zones d’ombres, les deux camps connaissent leur place et leur rôle et s’y conforme sans les remettre en question (leur rapport à la TV est significatif : les emissions debiles pour l’une, la culture consensuelle pour les autres). Même quand les Lelievre se veulent  gentils, ils occupent la position de dominant et ne manquent jamais de rappeler à Jeanne sa position (c’est quand même la bonne, merde). D’autre part, cette dernière n'est jamais montrée comme une victime des Lelievre, elle n’est pas une oie blanche et Chabrol évite d’en faire un personnage auquel on s’identifie, s’il y a victime alors ils le sont tous. Bon film, on note au passage la très bonne direction artistique, les décors et accessoires de la maison des Lelievre. (vu en 2021)

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27 février 2021

Faux-semblants (Dead ringers) 1988 David Cronenberg

faux semblants

Les frères Mantle, vrais jumeaux et doc gynéco, partagent toutes leurs expériences comme un seul homme, les femmes aussi donc. L’un des deux tombe amoureux d’une actrice, et initie ainsi la lente désintégration de leur entité. Jusqu’ici c’est en violentant la chair que David Cronenberg rendait visible les dérèglements de l’esprit (sauf dans le moins personnel mais néanmoins excellent Dead Zone). Dead Ringers opère un virage en se passant de de la métaphore gore (la scène du rêve, comme signature du Cronenberg première période, semble de trop) et affirme son goût du drame. C’est encore une fois une femme qui sera l’instrument de la perte des hommes, et c’est encore la chair qui est le chemin vers la psyché des personnages (la femme aux trois utérus, Elliot qui propose un prix de beauté… intérieure, Bev qui « ouvre » Elliot pour retourner en lui…), de même la médecine n’est pas seulement utilitaire mais devient oeuvre d’art (les instruments exposés dans une galerie, les blouses rouges pendant l’opération, comme une représentation théâtrale). Bref, si les cerveaux n’y explosent pas (encore que), c’est toujours aussi barré. Et puis j'ai un faible pour Geneviève Bujold. Glaçant et passionant (vu en 2021)

24 février 2021

La Rage du tigre (Xin du bi dao) 1971 Cheh Chang

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La popularité de Lei Li, jeune éphèbe épéiste, s'accroît de jour en jour, à tel point que le vieillissant et fourbe Lung pourrait perdre la place privilégiée qu’il occupe dans la communauté. Il piège Lei li et, pour une question d’honneur, le force à se couper le membre. Désormais moqué et humilié, il retrouve le désir de vivre au contact du beau Feng. Ce dernier se fait piéger à son tour et, après s’être fait attacher, finit carrément en deux morceaux. C’en est trop, Lei li, chaud bouillant, va décimer l’entourage de Lung et, improvisant une technique pour pallier à sa virilité perdue, nique le vieux maître. Je crois que c’est le premier film de la Shaw Brothers que j'ai jamais vu, le revoir aujourd’hui permet de confirmer que c’est une pièce de choix. Chang Cheh ne s'intéresse pas vraiment aux arts martiaux et n’en fait pas la promotion, ce qui l’intéresse c’est la violence exacerbée des sentiments amoureux, et un certain fétichisme du corps masculin sacrifié. Son indifférence à l’égard du sexe opposé est manifeste, il faut voir Lei Li retrouver joie et sourire, enlaçant son nouveau copain avec son bras restant, plongeant ses yeux dans les siens, alors que la belle Pa Hsiao se contente de la manche vide qui jadis contenait le membre amputé. Le film fait une belle utilisation des décors, tout est artifices et symboles. Les chairs s’ouvrent et le sang coule dans un festival de couleurs. Le désir (de vengeance...) monte lentement en Lei Li et explose dans un final cathartique. Ti Lung et David Chiang sont beaux comme des dieux, Chang Cheh filmant magnifiquement le regard féminin du deuxième. Un film vraiment suberbe qui explose le wu xia pian, avant que Tsui Hark ne s'en occupe à son tour en 1995. (vu en 2021)

24 février 2021

Tout simplement noir 2020 John Wax, Jean-Pascal Zadi

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Jean-Pascal, aspirant acteur, organise une marche pour affirmer l’identité noire en France  et accessoirement pour faire décoller sa carrière. Il rencontre différents acteurs de la communauté. Si elle est présentée comme divisée, elle a le mérite de produire une comédie française populaire sans la médiocrité qui la caractérise habituellement. C’est pas du Lubitsch, c’est quand même une suite de sketchs, Zadi arrive à camper un personnage lunaire et attachant. (vu en 2021)

24 février 2021

Antoinette dans les Cévennes 2020 Caroline Vignal

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Antoinette est la maîtresse de la petite Alice et de son papa aussi, eh oui. Quand au début de l’été il lui annonce qu’il part en rando en famille, elle ne réfléchit pas deux secondes et part sur ses traces, avec l’âne Patrick comme fidèle compagnon de marche. L’occasion de remettre en question sa vie sentimentale… Ça ne révolutionne rien mais cette humble comédie aux accents westerniens inattendus est bien troussée. (vu en 2021)

24 février 2021

Chanson pour l'enfer d'une femme (Onna jigoku uta: Shakuhachi benten) 1970 Mamoru Watanabe

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Une femme hors la loi pas manchote au sabre, un bouddha tatoué dans le dos, défend sa peau face à l’adversité. Évidemment, un film qui s’annonce comme un hybride de pinku et de chambara, on ouvre un oeil intéressé. Malheureusement ce n’est que promesses non tenues, tant il échoue dans les deux camps. Le script a l’air d’avoir été écrit en deux minutes entre deux coupes de saké, les scènes de combat sont évacuées avant d’avoir eu le temps de dégainer, les passages d’action horizontale sont sans intérêt, bref cette recette à base de sabre, de chair, de vengeance et de mystique bouddhique tombe loin de ses ambitions. Dommage, d’autant que la photo est assez belle, et l'héroïne atypique. (vu en 2021)

24 février 2021

La Barrière de chair (Nikutai no mon) 1964 Seijun Suzuki

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Ou la porte de la chair en japonais, nuance. C’est pas la joie dans les bas quartiers de ce Japon d'après-guerre. Une bande de prostituées défendent leur territoire bec et ongle et punissent toutes celles qui dérogent à leur règle (on ne couche pas gratis). Arrive un malfrat, ex soldat tout en muscles et présence physique, qui fragilise l’équilibre du groupe. Suzuki a dit " pour moi, la recherche visuelle est plus importante que le récit " , on s’en doute en voyant cette Barrière de Chair visuellement enthousiasmante. Le récit tient la route et n’est pas encore déconstruit comme dans d’autres œuvres à venir, mais on sent que Suzuki s’en balance, c’est le style qui l’importe, et du style il en a ! Qu’on se rappelle les mêmes quartiers dans Chien Enragé, ceux de Suzuki sont colorés comme dans West Side Story, on y sent la pulsation de la vie et du désir, la misère est éclipsée par l’appel de la chair, dont le corps de Joe Shishido est l’ultime expression (“la bouffe et I'amour, c'est tout ce qu'on a”, dit-il); même les asphalteuses y succomberont. On est conquis par la vigueur de l’ensemble, par ces scènes qui fonctionnent comme des décrochages, par l’inventivité de suzuki, par l’utilisation géniale des décors, par ce débordement d’idées, et on en sort avec une vrai pêche. (vu en 2020)

24 février 2021

Sophia Antipolis 2018 Virgil Vernier

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On suit différentes personnes sans plus de liens entre elles que ce pôle high tech où elles résident, et les activités douteuses auxquelles elles s’adonnent comme pour donner un sens à leur vie mais qui soulignent surtout leur désarroi (groupe qui prône la fin de notre monde et l’avènement d’un nouveau, citoyen qui s’organise en milice, pfff). Ça pourrait donner l’impression que ça participe d’une démarche documentaire, hors il n’en est rien, Vernier ne filme jamais la vie de cette cité, il distille des éléments de réel pour arriver à un imaginaire sombre et poétique. C’est bien de notre époque et de notre monde dont il s'agit, chaque situation à ses racines dans un vécu (certaines semblent vraiment trop difficiles à imaginer) mais tout cela est déréalisé, et on se demande jusqu’à la fin où Vernier veut en venir. La cité est sans vie, les habitants sont des figures qui ne s'appartiennent plus, vendues, exploitées, utilisées. Il y a deux personnages au traitement plus classique, les seuls auxquels on peut s’identifier; d’abord la sévère victime d’un incendie qui a toutes les raisons du monde de s'apitoyer sur son sort mais qui ma foi prend les choses du bon côté malgré son visage défiguré, ses oreilles en plastique et ses doigts en moins (un peu le négatif de ce petit monde où de belles femmes se font refaire les seins), et cette jeune fille vers laquelle le film converge, seul personnage dont Vernier nous laisse entrevoir, par une voix off, l’intériorité. Cadres, photos, mise en scène et direction d’acteur sentent la maîtrise, le film est très beau sans jamais être esthétisant. (vu en 2021)

24 février 2021

L'Emprise (The Entity) 1982 Sidney J. Furie

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Un démon invisible, costaud et lubrique prend une jolie mère de famille pour proie et la viole régulièrement. Ça tourne vite en affrontement entre psychiatres (les attouchements de son père, la peur du sexe et des hommes, bref une folle) et parapsychologue (´tain les gars, rassemblez les instruments, on en a trouvé un costaud là). L’existence du démon est acquise mais cette double lecture donne de l’épaisseur à cette histoire. Barbara Hershey trouve le ton juste pour son personnage et met tout le monde dans sa poche. À défaut d’une inventivité folle, Sidney J. Furie fait preuve d’efficacité et bien qu'on se dise souvent qu’untel aurait mieux tiré partie de telle scène, son film tient bien la route. (vu en 2021)

24 février 2021

Firefox : l'arme absolue (Firefox) 1982 Clint Eastwood

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On vient chercher Mitchell Gant pour dérober un avion furtif révolutionnaire des mains des soviétiques, parce que c’est le meilleur des meilleurs. Encore un film plutôt méconnu dans la carrière de Clint, et si ce n’est pas le navet auquel on pouvait s’attendre, c’est quand même assez mou du genoux, le script linéaire se déroulant sans surprise. Les américains sont un peu trop cool, les russes un peu trop cons, clint un peu trop lisse (si le film était bon, on aurait dit qu’il est sobre), et on a droit au sempiternel trauma originel que le héros doit surmonter pour réussir à… on devrait mettre aux fers les scénaristes qui utilise encore ce truc. Le dernier tiers est un autre film, on s’attend à voir apparaître Dark Vador dans son tie fighter, c’est normal c’est le même gars qui a conçu les plans aérien. On se console en portant son intérêt sur la mise en scène, pas mauvaise dans les scènes de rues de Moscou. (vu en 2021)

24 février 2021

Vixen (Jotai) 1969 Yasuzô Masumura

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Un homme marié qui a une bonne situation tombe pour une fille délurée (et pourtant c'est Kyoko Kishida qui joue sa femme, je sais pas moi...). Un film très proche de Love of an Idiot, c’est encore une frangine sexy et sans cerveau qui met la pagaille chez la gent masculine. Il faut attendre la fin pour que le film devienne touchant, que la donzelle se dévoile un peu, quand elle fait remarquer qu’après tout elle agit comme les hommes, ou la jolie scène finale. Pas très convaincu par ce script qui ne tire pas le jus de son thème, et par cet animal tout en minauderies, on se demande ce que les mecs ont dans la tête, mais bon, je sais, on est con des fois. (vu en 2021)

24 février 2021

La Bête aveugle (Môjû) 1969 Yasuzô Masumura

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Aki, qui a posé nue pour un artiste photographe, est kidnappée par Michio, sculpteur aveugle, qui veut réaliser son chef d'œuvre en la prenant comme modèle : une sculpture destinée au touché. Encore un film remarquable - pourquoi n’a-t-il pas encore bénéficié d’une restauration ? - où Masumura exerce son art du récit concis. Il y a d’un côté la fille moderne, superficielle et pas spécialement aimable qui fait son chemin avec ses jambes, de l’autre un homme renfermé, obsédé par une idée fixe et encore dans les jupes de sa mère. Son atelier empli de « morceaux » de corps féminins est bien sûr son espace mental. Après un déroulement prévisible, le film opère un drôle de glissement et plonge dans l'abîme. Dans le noir de l’atelier, au contact de Michio, Aki perd peu à peu la vue et passe du côté obscur, dans le royaume charnel du touché. Michio quant à lui sort de son univers d’enfant et fait l'expérience de la chair. Débarrassés ainsi du monde des apparences et de la sublimation, ils sont tous deux happés dans une région reculée et oubliée, primitive et originelle, où seul compte le plaisir, dont la stimulation les pousse toujours plus loin dans l’horreur. D’une beauté macabre, ce n'est à aucun moment un film d’horreur, même si on en retrouve des thèmes récurrents : séquestration, couple mère-fils psychopathe, univers mental déviant, vampirisme et mutilation. Masumura livre une œuvre extrême qui suscite assurément l’effroi, mais c’est avant tout, comme souvent chez lui, l’histoire d’une passion, toujours destructrice. (vu en 2021)

16 février 2021

Senses (Happî awâ) 2015 Ryûsuke Hamaguchi

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Quatres amies ont l’habitude de se retrouver pour des sorties, créant ainsi un espace hors de leur quotidien et de ses tracas. L’une d’elle fait la révélation de son divorce en cours (on est au Japon, c'est comme si tu disais que tu as violé ta grande tante), qu’elle avait caché jusque-là, ce qui remet en question le sens de leur amitié, de leur relation aux autres, notamment aux hommes. Ça parle bien sûr de ce que c’est d’être une femme dans le Japon contemporain, mais encore de lien, de rencontre et de communication. C’est long, plus de cinq heures, mais disons tout de suite que ça passe tout seul, la durée est au cœur de la mise en scène. Le film est très ouvert, aéré, limpide, d’une lisibilité remarquable, ses actrices sont excellentes. C’est au terme de la première partie, environ deux heures et demi, passionnante, que l’on commence à voir où le réalisateur nous emmène. Par la suite, le récit utilise des ficelles très mélo (le coup du fils qui met sa copine enceinte, l’accident de voiture) que l’on attendait pas et qui, j’avoue, m'ont quelque peu sorti émotionnellement du film à cause de leur côté soap. L’impression d’ensemble est néanmoins très bonne. (vu en 2021)

Revu Senses, tout ce qui m’apparaissait comme des éléments soap me semblent cette fois parfaitement naturels. (vu en 2021)

11 février 2021

Une Famille dévoyée (Hentai kazoku: Aniki no yomesan) 1984 Masayuki Suo

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Dans la famille chose (ils gardent l'anonymat, on les comprend), le fils aîné vient de se marier (tout le monde, stoïque, l’entend consommer l'évènement), mais il ne tarde pas à se lasser de son épouse et s'acoquine avec une serveuse dominatrice (elle en a pas l’air comme ça…). En attendant qu'il lui revienne, son épouse tue le temps en déniaisant le fils cadet. Quand à la fille, peu emballée par l’institution du mariage (la fin de la vie selon elle), découragée par le peu de perspective professionnelle quand on est une femme dans le Japon des années soixante, entame une carrière dans un sex sauna. Il n’y a que le père qui ne se mette pas à l’horizontale, il préfère rêver à sa défunte épouse, dont il retrouve les traits dans n’importe quel visage féminin. Tout ça sonne miikesque, mais Suo gomme tout le potentiel glauque de l’histoire, signe de bien belles images et distille un certain humour à travers ses clins d'oeil bienveillant à Ozu ; caméra au raz du tatami, cadres dans le cadre et cadrage frontal, dialogues triviaux, couleurs pastels, trois petites notes de musiques par ci par là, et ce personnage du père, peu loquace (soo ka ? soo desu ka?), tranquillement nostalgique et amateur de saké. Éminemment sympathique. (vu en 2021)

11 février 2021

Victor Victoria 1982 Blake Edwards

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Victoria, chanteuse sans boulot dans la France d’avant guerre, rencontre Toddy, un gay qui vit pour les nuits parisiennes. Quand il voit Victoria habillé en homme, c’est la révélation : ils vont monter un spectacle où elle se fera passer pour un travesti. Puis un businessman américain tombe amoureux d’elle/lui. Comédie de la confusion des genres et du questionnement des apparences, mise en scène classique (maîtrise des valeurs de plans, couleurs), chorégraphies irrésistibles, humour qui s’exerce contre le désespoir, et ce ton graveleux mais classe, sans parler de Julie Andrews (j’échange volontiers trois kilos de Mélodie du Bonheur contre cinquante grammes de Victor Victoria). Le plus étonnant, c'est qu'on dirait ce film confectionné dans les années soixante alors qu'il à été produit la même année que ET, Blade Runner, Rambo, The Thing… c’est de la provocation. Emballé. (vu en 2021)

6 février 2021

Saint Maud 2019 Rose Glass

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Maud est une jeune infirmière à qui est arrivé un truc horrible, même si la nature des événements passés n’est jamais claire. Visiblement pas bien remise, elle se convainc d'être une sainte, et que Dieu a un dessein pour elle. Endossant son nouveau rôle, elle va accompagner les derniers jours d’une ex danseuse malade et condamnée. Le gros point faible du film est qu’il ne raconte pas grand chose, même si on le suit sans ennui car Rose Glass sait distiller une atmosphère inquiétante et on lui est gré de nous épargner les effets habituels du cinéma d’horreur contemporain. De fait, Saint Maud semble se rattacher au films de Robert Eggers et Ari Aster mais là où ces derniers revendique le genre et ont quelque chose à dire, Glass préfère laisser planer le doute sur la nature surnaturelle des évènements et n'a pas grand chose à raconter, elle est plus occupée à soigner ses plans (assez beau par ailleurs), en oublie de caractériser ses personnages et le film n'est finalement qu'atmosphérique et anecdotique. Pas convaincu donc. (vu en 2021)

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