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La Diablesse aux 1000 Visages
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27 mars 2021

Crash 1996 David Cronenberg

crash

A la suite d’un carambolage, James découvre que le choc de l’accident développe en lui une énergie sexuelle inédite. Cronenberg ne raconte pas une histoire qui va d’un point A vers un point B, si James a bien un problème, il le garde du début à la fin, rien n’est résolu. Passé le choc initial il n’y a pas de progression, plutôt une méditation glacée, un poème sombre faisant le constat d’un monde perdu. Ça parle bien sûr de la sur-stimulation de nos sens et donc de l’assèchement de nos vies intérieures, James et sa femme semblent vides, dépossédés d’eux-mêmes. L’idée des crashs de voitures pour représenter une sexualité mécanique, envahie, volée, dévastée, en manque de sensations fortes, toujours plus violentes, est assez géniale. Par extension, le film ne parle pas que de sexe mais bien de nos existences. Il est assez proche de Videodrome, c’est la même tyrannie, mais videodrome présentait les deux parties en présence, alors que dans Crash nous n’avons que le point de vue de James, puisque si l’on suppose qu’il y a bien un antagonisme, on ne saura rien sur lui, on n’en verra que la manifestation : des voitures et un réseau routier qui envahissent l’espace privé. Cronenberg conduit toujours en maître sa narration sèche, passant son scénario au tamis et ne retenant que l’essentiel. La façon dont il met en scène ces flux routiers omniprésents, envahissant la sphère privée (les intérieurs n’ont plus rien d’intimes, la voiture devient le lieu où l’on vit), est admirable, et annonce le monde connecté d’aujourd’hui. Et bien sûr la métaphore des voitures qui s'enfoncent l’une dans l’autre, des carrosseries que l’on pénètre , défonce, frappe, le cuir des sièges et les fluides des moteurs, les photos d'accidentés de la route que l'on regarde comme des magazines pornos, jamais la petite mort n’a aussi bien porté son nom. (vu en 2021)

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