Ichi est à la source des embrouilles qui l’occupe dans cet épisode, il manque de discernement et tue un gonze au nom du code d’honneur des yakuzas, avant de réaliser qu’il a été joué : le boss qui voulait liquider le pauvre gars parce qu’il ne remboursait pas ses dettes ne visait que la sœur, qu’il destine à un notable pourri. La sœur arrive, trop tard, avec l’argent de la dette qu’elle a gagné en se prostituant, alors qu’Ichi vient de sabrer son mec. Dès lors, il va vouloir se racheter en la protégeant des griffes dudit clan (tu le connais), alors qu’elle est déchirée par des sentiments contraires, cet aveugle se fait son bienfaiteur mais il a aussi tué son frère bon sang. Encore un excellent opus, peut-être le plus poignant jusqu’ici, Ichi y est désemparé, maladroit, il trébuche, il triche même aux dés, en plus. La scène où ils partagent « par hasard » une même chambre, tous deux séparé par un mince morceau d'étoffe, est magnifique de sobriété, la pièce est littéralement habitée par leur sentiments inavoués, jusqu’à ce qu’ils éclatent, à la lueur d’une chandelle. Mais Kenji contrebalance ces sommets d’émotions et autres sanglants combats par des moments franchements drôles, il faut voir l’aveugle, après s’être fait pincer en train de tricher, échapper à ses sbires tel un sushi sauteur. Et puis Kenji pousse l’élégance de sa mise en scène assez loin, ses plans sont magnifiques, les combats sont filmés sans hystérie, d’une caméra fixe, irconscrivant l'action par des éléments de décors, des cadres dans le cadres, qui sublime le geste. Le plan du début, la caméra renversée pour filmer un long pin dans son intégralité alors qu'Ichi passe devant, dans la tradition des kakemono, nous a scié. (vu en 2022)