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La Diablesse aux 1000 Visages
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4 mai 2020

L'Ombre d'un doute (Shadow of a doubt) 1943 Alfred Hitchcock

ombre d'un doute

L'oncle Charlie débarquant chez les Newton, c'est comme le loup de Tex Avery envahissant Disneyland. Joseph Cotten est parfait, qui chie sur l'humanité entière (faut le voir quand il se laisse aller devant la p'tite famille), malgré tout on se range du coté de sa nièce Charlie, bien mignone et innocente ; son monde est bien soporifique, mais haïr la terre entière, c'est pô marrant non plus. Deux visions du monde quoi. La relation télépathique entre les deux est annoncée par les deux plans symétriques qui les introduisent, les montrant s'emmerdant sur leur lit. La fin dans le train est superbe, une tentative de meurtre comme un ébat amoureux, la mort de l'autre en guise d'orgasme libérateur (Hitch le précurseur du giallo, encore). On a des pointes d'humour qui viennent alléger cette trame très sombre ; les remarques des gamins ou les discussions du patriarche avec son pote, dont le hobby est d'imaginer le meurtre parfait, marrant. La nièce Charlie passe par un parcours effrayant par lequel elle quitte son monde enfantin et se découvrir adulte. Peut-être fondera-t-elle un foyer sur le modèle de ses parents, ou peut-être assassinera-t-elle son bénêt de mari, par désoeuvrement, qui sait ? (vu en 2020)

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7 juillet 2020

Révélations (The Insider) 1999 Michael Mann

révélations

C'est bien la forme d'un film dossier, d'un de ces films où une poignée de personnes s'attaquent à bien plus gros que soit, avec moult menaces et intimidations etc. Il faut bien avouer qu'on n'y apprend pas grand chose (fumer tue, les chaînes TV sont des vendues, sans blagues ?), mais c'est pourtant passionnant, tant le style nous vend l'histoire. On est de suite captivé par ces plans majoritairement au télé, très mobiles, extrêmement élégants, par ce montage qui crée un flux hypnotique d'images et de nappes de sons, par cette caméra attentive qui colle aux visages. Bon, je calme ma joie et constate que Pacino fait un peu trop son numéro, même si on l'aime bien, que les petites victoires avec la musique qui va bien sont un peu clichées. Russel Crowe par contre est très bon, il arrive à nous mettre dans sa poche avec un perso pas vraiment sympa, faut dire que les galères qui lui tombent dessus force l'empathie. Et puis c'est toujours un plaisir de voir ces putains de grandes compagnies vaciller. (vu en 2020)

23 juillet 2020

La Sanction (The Eiger sanction) 1975 Clint Eastwood

sanction

Je ne l'avais jamais vu, et je m'attendais à un petit Eastwood sympa, et c'est bien normal, après Breezy et L'Homme des Hautes Plaines. En tout cas je ne m'attendais pas à cette daube. C'est con, mal écrit, ça ne veut rien dire, et il faut supporter toutes les vannes de beaufs que tout le monde envoie aux nanas en leur mettant la main au cul. Sérieux, doit pas être bien fier de celui-là, le Clint. Allez, on va dire que c'est une erreur de parcours, il y en aura d'autres.

27 juillet 2020

Josey Wales hors-la-loi (The Outlaw Josey Wales) 1976 Clint Eastwood

josey wales

Voilà un des mes Eastwood favoris, même si je conviens que ce n'est pas celui qui plaide le mieux en faveur du réalisateur. En effet, les scènes de fusillades sont peu inspirées, peut-être le point faible du film. En revanche il s'en tire très bien quand c'est plus calme, quand il dégaine tranquillement pour éliminer deux gros fils de putes par exemple. Clint n'est pas un réalisateur de film d'action, mais il est à l'aise pour filmer des faces à faces. Ce n'est donc pas aussi bon et aussi ultime qu'Unforgiven, c'est clair, et pourtant ma côte d'amour est énorme. Je le préfère à High Plain Drifter ou à Pale Rider, malgré ses points faibles, peut-être même à cause d'eux, peut-être parce qu'il est plus touchant (cette fois le mec a un nom, un passé), peut-être à cause de ses allures de road-movie. C'est surtout ce voyage où l'on passe d'une forêt enneigée au désert, du Missouri au Texas, d'une ville de l'ouest à une réserve indienne, cette traversée qui revisite tous les paysages et les climats du western, et cette histoire qui le voit partir seul contre tous, et petit à petit rejoint, malgré lui, par un vieil indien trop civilisé, une squaw rejetée par les siens (elle n'a pas assez résisté quand on l'a violée...), une vieille grand-mère têtue et sa fille un peu simplette, et un chien famélique, qui en font un film magnifique. Sinon, je ne trouve pas qu'il ressemble à un film des années 70, il m'a l'air d'avoir 10 ans de moins. (vu en 2020)

1 octobre 2020

Espions sur la Tamise (Ministry of fear) 1944 Fritz Lang

espions sur la tamise

Un homme sort d’un asile, se rend à une fête foraine en attendant le train, y gagne un gâteau et se retrouve ainsi mêlé à un réseau d’espions nazis. La première partie, jusqu’à la réunion chez la médium, est extraordinaire, tout en mouvement de caméras justes et élégants, en séquences saisissantes. La première apparition de Mrs Bellane est incroyable, elle semble venir d’un autre monde, vénéneux, terrible mais séducteur. La séquence de spiritisme chez elle est aussi un must (belle utilisation de la lumière... et de l'obscurité), ses invités sont vraiment flippants, normaux mais dégageant quelque chose de maléfique, un peu comme la congrégation de sorciers à la fin de Rosemary’s Baby. De Lang nous ne connaissions que la duologie indienne, Ministry of Fear nous confirme qu’il a une maîtrise du plan qui force le respect, précis, d’une intense beauté. Même le danger, surtout le danger, y est terriblement beau. Très chouette aussi comme cette histoire d’espionnage semble irréelle : fête, gâteau, séance de spiritisme, jeu de piste… Le régime baisse dans la deuxième partie, le scénario devient confus, on est clairement plus au même niveau, même s’il y a du bon bien sûr, comme cette scène chez le tailleur (ces ciseaux !). Le dernier plan est franchement nul, et sûrement pas de Lang. (vu en 2020)

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29 septembre 2020

Angel guts: red porno (Tenshi no harawata: akai inga) 1981 Toshiharu Ikeda

angel guts - rp

Hot comme ces plans baignées de lumières rouges, suintant la solitude et le désespoir, tel est le sexe dans cet Angel Guts décidément pas gai, ni passionnant d’ailleurs avec son embryon d’histoire, mais visuellement stimulant et qui arrive a dégager une ambiance qui fait son effet. Surpris d'apprendre que c'est le même Toshiharu Ikeda qui réalisera Evil Dead Trap sept ans plus tard. (vu en 2020)

8 juillet 2020

Les Bonnes femmes 1960 Claude Chabrol

bonnes femmes

On est chez Chabrol, faut que ça tue, et ça n’arrive qu’à la toute fin, donnant à ce portrait de femmes un goût touchant et amer. On se demande jusqu’à la fin si ce gars est un tueur ou un amoureux, il s'avérera être les deux, évidemment. Ce sont ces femmes et le manège que les mecs lourd font autour d’elles (le seul qui a du tact étant un assassin) qui font le film : la délurée, la mystérieuse, la douce, la bourge, et c’est vraiment chouette de les voir ainsi dessinées par Chabrol (et Decae à la photo) en ce début des années 60. Ça n’a pas trop changé depuis, les femmes rêvent toujours d’amour, les mecs sont toujours lourdingues, tout le monde veut s’amuser, les patrons font chier et on s’emmerde au boulot. Bien aimé cette caissière et son “fétiche”, un mouchoir qu’elle a trempé dans le sang d’un beau mec, tueur de femmes, lors de son exécution. La monstruosité et l’ordinaire. (vu en 2020)

10 novembre 2020

L'Ange rouge (Akai tenshi) 1966 Yasuzô Masumura

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L’infirmière Sakura Nishi est envoyée au front, pour soigner les blessés nippons, pendant la guerre sino-japonaise. Elle se donnera corps et âme à sa tâche, offrant un réconfort charnel malgré elle à un soldat, puis volontairement à un autre, amputés des deux bras (pas pratique, comme il le remarquera bientôt…), s’offrant enfin au docteur Okabe dont elle tombe amoureuse. Il n’y a pas vraiment de place pour la psychologie, les motivations de l’infirmière restent obscures et peu importantes, de même le film ne cherche pas le réalisme, cette histoire est plutôt un pretexte pour Masumura d’allier à nouveau sexe et mort, passion charnelle et destruction, en un engrenage fatal. Contrairement à Tatouage sorti la même année, la femme de l’ange rouge n’est pas une mante religieuse qui pousse les hommes vers leur fin, bien qu’elle s’en fasse le reproche, elle a au contraire quelque chose de christique, mais reste une femme animée par le désir d’être aimée et à un rôle centrale dans la destinée de ces trois hommes. En somme, l'infirmière Nishi réunit la sainte et la putain. Le contraste entre les scènes de boucherie et cette femme toute de pureté (l’uniforme, la croix, le visage) et de sensualité (le corps sous l’uniforme) est saisissant. Au milieu des décombres et des corps mutilés, Ayako Wakao rayonne littéralement, le noir et blanc semblant là pour mettre en valeur son uniforme (elle est si parfaitement éclairée que la lumière semble émaner d’elle). Masumura compose ses cadres avec un soin d'esthète, chaque photogramme est une merveille. C’est ce qui en fait un film troublant, on y voit des bassines de membres arrachés et d’autres joyeusetés du même genre, et c'est insolemment beau. (vu en 2020)

18 novembre 2020

Sex hunter (Sekkusu hantâ: Sei kariudo) 1980 Toshiharu Ikeda

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Miki la croquignolette petite ballerine est intégrée plus ou moins malgré elle dans l’école de danse de Madame Akiko, où on enseigne autre chose que le ballet. Elle n’oppose que peu de résistance… Une histoire cul-cul, preuve que de jolies femmes filmées (plutôt bien) en train de faire la chose peut être ennuyeux. Je crois que le sbire d'Akiko dit à Miki que l'on a oublié que notre zone la plus érogène est le cerveau, tu parles Charles ! Guère plus intéressant qu’un film X, la faute à un récit à la histoire d’O mince comme un string. Notons un usage du coca cola dont on ne s’est jamais douté (je savais que c'était bon pour les maux de ventre, mais là...). Toshiharu Ikeda fera mieux avec Angel Guts : Red Porno un an plus tard, puis, mais c’est une autre histoire, avec Evil Dead Trap. (vu en 2020)

25 novembre 2020

Showgirls 1995 Paul Verhoeven

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Oui ça parle d'Hollywood, c’est connu, et il y a quelque chose de libérateur à voir ce monde clos (entre les deux plans d’autostop, on est “à l’intérieur”, il n’y a jamais d’horizons) exposé ainsi. Verhoeven parle de la vulgarité (entre autre) et utilise les armes de l’ennemi contre lui : la mise en scène est très belle, virevoltante, mais tout est kitsch, vulgaire, outré, du plus mauvais goût, parce que c’est comme ça, et parce qu’il aime ça ; il pourrait faire sienne la citation d’Helmut Newton : "il y a deux obscénités en photographie : l’art et le bon goût". Les rares personnages “du bon côté" s’en prennent plein la gueule, et les autres, eh bien, baise et ramasse le fric. Le bas de la pyramide est glauque, mais Nomi découvre que plus on s’élève, plus c’est dégueulasse. Derrière la version sexy trash d’Eve, un film de guérilla. (vu en 2020)

15 octobre 2020

Evil dead trap (Shiryô no wana) 1988 Toshiharu Ikeda

evil dead trap

Nami, présentatrice d’un late night show, reçoit une cassette montrant un snuff movie (?), à son intention puisqu'au meurtre sont insérées des photos d’elle. Avec quatre amis, elle part sur les lieux (si!), pensant que ce scoop va booster son audience. J’avais la VHS de ce film à l’époque, et ça m’a fait bien plaisir de le revoir. C’est un très bon slasher, des plus classique (on y couche et on y est tué), du moins dans sa première partie parce qu’après, ça devient pour le moins bizarre. Première partie donc, on assiste à des meurtres imaginatifs et très graphiques, sous influence Argento, qui font leur effets, je n’arrive pas à décider si mon préféré est celui éclairé au flash d’appareil photos, ou celui où la pauvre victime est hissé sur le capot d’une voiture par le coup à l’aide d’un collet en fil de fer. Oui c’est sûr que c’est pas pour tout le monde. Toshiharu Ikeda (Angel guts : red porno) ne s’encombre pas de scènes d’attente, va droit au but, on est tout de suite dans le bain. La vraisemblance n’est pas sa préoccupation première, ni celle de ce sous-genre de toute façon. Par contre il se soucie de sa mise en scène et on a droit à un travail efficace, il prend soin de chaque plan, de chaque mouvements, on est très content. A mi-film la plus grande partie du casting est décimée, et l’histoire prend une tournure bizarre qui peine à convaincre, faut dire. Mais Ikeda continue d’assurer, et le film à sa place parmis les slashers des années 80. (vu en 2020)

18 novembre 2020

La Résidence (La Residencia) 1969 Narciso Ibáñez Serrador

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Un pensionnat pour jeunes filles difficiles au XIXème siècle, des disparitions mystérieuses, sadisme, inceste et sexualité inhibée, voilà pour les ingrédients prometteurs. Corsets trop serrés, tension sexuelle et décor gothique, le réalisateur arrive à installer une atmosphère qui fonctionne. Lilly Palmer en directrice sévère qui cache ses pulsions incestueuses et la furie Mary Maude au jolie minois (quand elle te regarde, on dirait qu’elle veut t’attacher au radiateur) sont indéniablement les points forts du film. Il y a des bonnes idées : les chemises qui rappellent les uniformes nazis, les conduits d’aérations et le grenier où s’expriment les pulsions refoulées, et quelques scènes très réussies, comme la douche bien sûr. On note l'élégance dont fait preuve Serrador et on sent le sous texte, on est bien loin du film d'exploitation. On pense à Psychose, évidemment, et à Suspiria, bien que La Résidence ne s’élève jamais au même niveau. On ne s’ennuie pas, mais on peine à s'impliquer, d’abord la pauvrette Cristina Galbó ne fait pas le poids face au deux suscitées, et le scénario à tendance à faire du sur place, et échoue à rassembler en un tout ses éléments épars. Il y a enfin quelques maladresses flagrantes, comme le retournement du personnage joué par Mary Maude, incompréhensible. (vu en 2020)

19 décembre 2020

LEAP (Duo guan) 2020 Peter Ho-Sun Chan

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C’est la fin des années 70, Lang Ping en chie dans l’équipe nationale féminine de volley-ball, ouais en Chine on n'a pas les facilités des pays capitalistes mais on a le fighting spirit. L’équipe gagne les championnats du monde cinq fois d’affilée. Puis en une ellipse qui laisse coi, on est en 2004, Lang Ping, toute cassée, est entraîneuse... de l’équipe US, qui met la pâtée aux chinoises qui organisent leur JO. Traîtresse, va. Ellipse. JO de Rio. Lang Ping entraîne cette fois l’équipe chinoise, qui bat les brésiliennes  et rafle la médaille d’or. Donc tout va bien. Les matchs occupent la moitié du film, les vraies joueuses des années 2000 jouent leur rôle, ce qui en dit long sur l’intention de cette production, qui n’arrive jamais, après sa première partie vintage du reste assez ratée, à être autre chose qu’un documentaire, où les matchs historiques sont quasiment reconstitués. Les éléments dramatiques qui occupent l’espace entre les matchs sont du remplissage sans intérêt. Gong Li ne peut rien jouer, coincée sous sa perruque et ses lunettes. De la même manière, le film souffre, gêné par son souci non d’authenticité mais d’imitation. Drôle de truc, sorte de docufiction nationaliste, très mauvais, évidemment. (vu en 2020)

16 janvier 2021

Les galettes de Pont-Aven 1975 Joël Séria

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Un représentant de commerce (en parapluie !), fait une sortie de route : il quitte son emmerdeuse de femme et son job pour vivre ses passions : les culs et la peinture. Comment ne pas immédiatement sympathiser avec ce personnage, je te le demande ? La première chose qui frappe, c’est cette France qui n’existe plus, et c’est stupéfiant de se retrouver face à elle, car c’est bien elle, je te le garantis. Sinon on vérifie que Jean-Pierre Marielle est au firmament des acteurs français (et il s’entretient le bougre, regarde-moi ça quand il tombe la chemise). Joël Séria, en Robin-des-Bois de l’érotisme, le reprend des mains de Robbe-Grillet et le rend au peuple, et d’une belle manière, assez franche, jamais vulgaire, sauf peut-être par le verbe (toi tu sens la pisse, pas l’eau bénite !), mais eh, là on peut d’accord ? (vu en 2020)

17 janvier 2021

Angel guts: red classroom 1979 Chûsei Sone

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Tetsuro dirige une petite compagnie qui produit des photos pornos. Lassé par tous ces modèles qui se suivent et se ressemblent (ouais c'est pas marrant comme job), il visionne un jour une vidéo de viol et son intérêt renait devant l’actrice et son jeu vraiment authentique. De nouveau le sexe est triste dans cet épisode d’Angel Guts, Tetsuro besogne sa copine sans trop d’entrain, il idéalise Nami mais celle-ci n’est q'une saute-au-paf, et tout ça finit en gang-bang glauque dans l'arrière salle miteuse d'un petit bar, puis seul dans un terrain vague. C’est un des aspect intéressant du film, de représenter la chose sans joie, à l’intérieur d’un film d’exploitation. Évidemment le script est quelque peu sous-développé, mais on apprécie la mise en scène de Chusei Sone, qui se donne la peine et réussit bon nombre de jolies plans. (vu en 2021)

6 février 2021

L'Opération diabolique (Seconds) 1966 John Frankenheimer

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Arthur est limite déprimé, son job et sa vie conjugale sont très routinières (et la mienne alors ?), aussi quand une mystérieuse organisation (forcément) lui propose de changer de vie, d’identité, de visage, il saute dedans sans réfléchir. Quand ils lui ont dit qu’ils s’occupaient même de trouver un cadavre pour faire croire à sa disparition, moi je me serais méfié. Évidemment, une fois installé dans sa nouvelle vie, avec son nouveau nom (Antiochus !), avec la tête de Rock Hudson (beau mec, y’a pas à chier), il n’est pas vraiment plus heureux et se rend compte qu’il est passé à côté de tout (avec un nom pareil, remarque…). Et cette jolie blonde qui lui tombe toute cuite dans les bras, c’est pas louche ça einh ? Jolie petit film assez étonnant qui rappelle les scénarios paranoïaques des séries britannique des années 60, qui parle de l’imposture de ce bonheur devenu un bien de consommation comme un autre. Formellement très beau, Mr Frankenheimer se permet quelques expérimentations très réussies bien que le script peine à les justifier. Le film propose une réflexion intéressante pour cette décennie, toujours pertinente bien évidemment. Ceci dit, cette histoire qui adopte la forme de la nouvelle est un peu fermée sur elle-même, et on est plus devant un épisode deluxe d’Au Delà du Réel que du grand film paranoïaque. (vu en 2021)

11 février 2021

Victor Victoria 1982 Blake Edwards

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Victoria, chanteuse sans boulot dans la France d’avant guerre, rencontre Toddy, un gay qui vit pour les nuits parisiennes. Quand il voit Victoria habillé en homme, c’est la révélation : ils vont monter un spectacle où elle se fera passer pour un travesti. Puis un businessman américain tombe amoureux d’elle/lui. Comédie de la confusion des genres et du questionnement des apparences, mise en scène classique (maîtrise des valeurs de plans, couleurs), chorégraphies irrésistibles, humour qui s’exerce contre le désespoir, et ce ton graveleux mais classe, sans parler de Julie Andrews (j’échange volontiers trois kilos de Mélodie du Bonheur contre cinquante grammes de Victor Victoria). Le plus étonnant, c'est qu'on dirait ce film confectionné dans les années soixante alors qu'il à été produit la même année que ET, Blade Runner, Rambo, The Thing… c’est de la provocation. Emballé. (vu en 2021)

6 février 2021

Sherlock Holmes à Washington (Sherlock Holmes in Washington) 1943 Roy William Neill

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Sherlock Holmes et son docteur Watson se rendent aux US, à Washington donc, pour retrouver des documents perdus et convoités par des espions à la solde des nazis. Oui, car c’est un épisode original contemporain de sa réalisation (1943), histoire de faire venir les gens dans les salles en ces temps troublés. Pas de quoi de se relever la nuit mais loin d’être désagréable, grâce à Basil Rathbone, parfait en Sherlock aussi perspicace qu’agaçant, grâce à l’amusant jeu de cette pochette d’allumettes ((du coup ça fume sans arrêt), qui contient les microfilms des fameux documents, qui passe de mains en main sans que personne ne soupçonne rien (sauf Holmes of course), grâce enfin à sa durée d'à peine plus d’une heure, parfois c’est bien agréable ce format. On a droit au petit discours patriotique à la fin, avec le capitol en arrière plan, bon… (vu en 2021)

27 février 2021

Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia (Bring me the head of Alfredo Garcia) 1974 Sam Peckinpah

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Benny s’embarque dans une drôle d’histoire : rapporter la tête d’un péon qui a déshonoré un boss mexicain en mettant sa fille en cloque (ben ouais ça se fait pas quoi). Benny prend donc la route avec sa copine Elita pour un voyage qui devait être facile, vu que le mec est déjà mort et enterré. Au programme, dynastie à l’honneur bafouée, tueurs au look de businessman véreux (comme un texan qui voudrait ressembler à un couturiers italien), anti héros fatigué, dans une épopée violente et désespérée se déroulant dans un vieux mexique poussiéreux, antichambre du nouveau monde. Benny est un fils de pute qui a choisi la liberté de mener sa vie comme il l’entend, malheureusement elle est hors de prix. Tout est foutu, tout est joué d’avance, il ne reste plus qu’à partir dans un geste empreint d’individualité, de liberté et de romantisme fiévreux. Il y a de sacrées gueules dont quelques-unes bien antipathiques, une certaine idée de la virilité, le constat d’un monde qui n’a plus aucune chance face au capitalisme, un Mexique merveilleusement bien filmé, le poids des morts qui tombe au ralenti. Le film devient hallucinant au moment où Benny sort de la tombe d’Alfredo, le cadavre de sa copine dans les bras, puis se lance sur les traces de ses tueurs, la fameuse tête entourée de mouches sur le siège passager. Benny le cabossé est de la pire espèce, et Peckinpah sait le rendre tendre et attachant. Sacrée ballade. (vu en 2021)

10 mars 2021

Les plaisirs de la chair (Etsuraku) 1965 Nagisa Ôshima

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Atsushi accepte la proposition des parents de la mignonne Shoko, dont il a été le répétiteur et dont il est amoureux : tuer le salaud qui l’a violée jadis et qui fait chanter la famille. Puis un fonctionnaire véreux lui demande de garder son butin, de l’argent public détourné, en attendant qu’il sorte de taule. Shoko s’étant mariée avec un autre, Atsushi décide de se suicider, mais après avoir utilisé le butin pour choper un max, comme on dit aujourd’hui. L’amour est une chimère et les plaisirs de la chair sont amers (et chers !) pour Oshima. Il ajoute à son histoire des éléments de films de gangsters, fait rimer sexe et mort (en même temps on est au Japon), mais même la mort dans l’honneur sera refusée à Atsushi, qui finira bêtement en taule, seul et incompris. Entre-temps il aura eu les faveurs (grassement rémunérées, le sexe est un produit comme les autres) de quatre femmes, une call-girl de luxe, une prostituée moins luxe, une femme mariée, une célibataire. On est toujours dans la contemplation des sensations d’Atsushi, jamais dans ses sentiments. Oshima recherche la modernité dans chaque cadre, son film s’apparente à un collage d’images et de sons, dont beaucoup de silences, qui à la fin donne une sorte de poésie triste, désilusionnée. La beauté de la forme comme remède à l'existence. (vu en 2021)

9 mars 2021

9 songs 2004 Michael Winterbottom

9 songs

Toujours  prêt pour un film polisson, j'ai regardé 9 songs, une film qui raconte une histoire dense et profonde (un couple, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils niquent), un concept qui laisse sur le cul (ils baisent, ils vont voir un concert, ils baisent, concert…), des dialogues remarquables (-T’as sucré le thé? -Possible. -J’aime pas le thé sucré…). Vraiment bien placé pour la coupe du film le plus con du monde. Mais qu’est-ce que Winterbottom a voulu faire au juste ? Un Sex drug and rock’n’roll arty ? A l’arrivé c’est plutôt porno ligne de coke et variété. C’est moche, très mal filmé, les personnages sont épiés dans tous les sens, littéralement mis à poil, pouratnt on en voit rien. On pourrait rire de ce truc si prétentieux si on ne s’emmerdait pas autant (ah, ils remettent ça... c’est quelle heure ? oh putain encore une chanson…). (vu en 2021)

10 mars 2021

Le maître de guerre (Heartbreak ridge) 1986 Clint Eastwood

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Le sergent Highway est un vieux de la vieille, formé sur le terrain et pas sur les bancs de l’académie, bientôt à la retraite, et c’est un problème parce qu'il est vraiment marié avec le corps des marines. Il est muté dans une compagnie qu’il doit bien connaître vu que son ex femme habite dans le coin, pour reprendre en main une unité de glandeurs. On retrouve avec plaisir notre Clint en plein numéro masochiste, en militaire de carrière bas du front mais avec du bagoût (“Le grognard te prévient qu'il est grognon, mauvais et fatigué, qu'il bouffe du barbelé, pisse du napalm et te vide un chargeur dans le cul d'une mouche à 200 m. Alors, me pèle pas le jonc, pignouf, ou ça va barder”… les doubleurs ont dû se faire plaisir), la tête dans le cul, en dinosaure qui n’a plus sa place dans ce monde, un espèce de dirty Harry en fin de course, et c’est ce qui est passionnant chez lui, la façon dont il malmène le personnage qu’il construit depuis le début de sa carrière. On assiste au récit classique de l’instructeur vache et des pauvres troufions qui doivent le subir, et ça se suit bien, de même que les tentatives du gars pour se rabibocher avec son ex. Sauf qu’on n’est pas dans la démonstration de la fabrique de machines à tuer, le Clint ne changera pas d’un pouce son attitude, il n’apprendra rien de ces jeunes branleurs, ce sont eux qui se rendront compte que finalement, c’est lui the man, et il les emmènera avec lui sur le front, une opération pour libérer des otages américains aux mains des méchants cubains, et sa hiérarchie de se rendre à l’évidence, des mecs comme lui sont indispensables à la nation. Très intéressant dans sa carrière, passionnant dans sa manière de déconstruire son mythe en même temps qu’il met en avant ses idées de droites, mais un film qu’on ne peut suivre jusqu’au bout, faut pas pousser mémé, d’ailleurs la dernière partie, l’invasion de la Grenade, est médiocre. Bien de son temps (vu en 2021)

8 avril 2021

Histoire de détective (Detective story) 1951 William Wyler

detective story

L’inspecteur McLeod est d’une rigueur morale telle qu’il t’enverrait en taule un môme qui a fauché un un carambar. Une affaire sur laquelle il s’acharne, concernant un escroc pratiquant l’avortement, le rattrape et le force à se poser quelques questions sur lui-même. Unité de lieu et de temps (une nuit dans un commissariat de quartier), et quelques petites affaires en plus de celle de l’avorteur, Wyler adapte une pièce de théâtre et ça se voit. C’est une histoire chez les flics, mais l’affaire se passe sur le terrain psychanalytique, et les deux pieds dans une morale très judéo-chrétienne, car il s’agit pour McLeod de résoudre un dilemne : comment continuer à être un flic plus blanc que blanc qui ne laisse rien passer et être le mari d’une femme qui a frayé avec ce salaud d’avorteur et qui a donc eu une aventure avec un rigolo (une putain, selon lui) mais sans laquelle il ne saurait continuer à vivre. C’est techniquement très bon, Wyler varie beaucoup les angles de prises de vue, sort quelquefois de la scène pour aller à l’extérieur ou dans le bureau du lieutenant, mais ne retourne jamais sa caméra sur le quatrième mur, c'est-à-dire sur nous. C’est bien joué, on comprend en une seconde à quel genre de personnages on a à faire, et l’intérêt est maintenu tout du long. Cependant je ne peux m’empêcher de penser à La Corde, ou à Dial M for Murder, qui ne donnent jamais l’impression qu’on est au théâtre, alors que Detective Story ne nous fait jamais oublier son origine. De même, surtout sur la fin, le jeu d’acteurs devient un brin emphatique, ce qui passe sans doute bien sur scène mais se révèle ici un peu lourd. Mais il y a suffisamment de bonnes choses pour relativiser ces quelques réserves. (vu en 2021)

8 avril 2021

Les 3 mousquetaires : 2ème époque - La vengeance de Milady

trois mousquetaires 2

La belle et vénéneuse Milady de Winter apporte-t-elle un peu de piquant à ce deuxième volet malgré une mise en scène brouillonne ? On a cru un instant qu’en voilà une qui refuse d’être à la botte de ces moustachus, que son statut d’ex fille de joie l’aura sorti de sa condition de femelle soumise, hélas l’empowerment n’est pas à l’ordre du jour, son ex amant Athos lui administrera une estocade fatale, elle qui a osé taquiner son pote d’Artagnan, qui se l'est tapée au passage, et remet l’église au milieu, où va-t-on si on commence à les laisser faire einh ? La fin voit les mousquetaires partir à la Rochelle mettre une branlée aux anglais, l’air fier et droit. Bof. (vu en 2021)

14 mai 2021

Le Destin se joue la nuit (History is made at night) 1937 Frank Borzage

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Pour empêcher sa femme de demander le divorce, Bruce, le riche propriétaire de paquebot (Colin Clive, parfait en salaud de mari) veut la piéger en simulant un flagrant délit d’adultère . Justement, Paul (Charles Boyer, trop french lover pour être vrai, on est à Paris) passe par là, se fait passer pour un voleur de bijoux, allonge le faux amant, et kidnappe pour de faux Irene, histoire de ne pas amener de l'eau au moulin du mari. Évidemment ils tombent amoureux. Bruce, qui a tout flairé, occit le faux amant et fait porter le chapeau à Paul, puis rentre à New York avec Irene. Paul, qui s’avère être un maître d’hôtel et qui n’a rien compris au film, la suit avec son cuisinier Cesare mais New York c’est grand. Ils reprennent donc un restau, en font LE restau, et attendent qu’Irene y vienne dîner. Quand c’est chose faite, ils prennent le bateau pour Paris afin d’innocenter un inconnu qui est condamné à tort pour le meurtre du faux amant, et se prennent un iceberg en route. Ouf, ils seront sauvés, de plus le mari se suicide (le naufrage du bateau c’est un peu sa faute, c’est le sien et il voulait battre un record malgré les mauvaises conditions météo), en laissant une note dans laquelle il confesse son crime. On n’est jamais touché par ce couple, après tout il s’agit d’une riche bourgeoise qui tombe pour un archétype du french lover, et Charles Boyer et Jean Arthur, pourtant impeccables, n’est pas un duo qui fait rêver, mais le projet de Borzage est sans doute ailleurs : faire de ce film une ode au romantisme à travers l’accumulation de genres, de la comédie au film noir en passant par une catastrophe à la Titanic. Si l’on est pas touché par le couple, on l’est certainement par la virtuosité de l’ensemble, jamais ostentatoire. La mécanique du scénario est irrésistible, sans temps mort, relançant sans cesse l’intérêt, ne dévoilant que ce qu’il faut au moment où il faut. Borzage à un style magnifique, un montage fluide, un grand sens du rythme, des valeurs de plans, et en compose de superbes où l’on reconnaît l’influence du cinéma expressionniste allemand. Ainsi l’histoire d’Irene et Paul n’est là que pour être au service de ce superbe écrin.

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