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La Diablesse aux 1000 Visages
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30 août 2021

Harmonium (Fuchi ni tatsu) 2016 Koji Fukada

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Takashi a jadis été le complice d’un meurtre, il ne s’est pas fait prendre mais son complice est allé en prison. Le Takashi a depuis refait sa vie avec femme et enfant mais son complice, Yasaka, qui ne l’a jamais dénoncé, refait surface et s’incruste dans la perite famille. Moins convaincu par ce Harmonium thématiquement plus lourd qu’Au Revoir l’Été, il est néanmoins très intéressant par sa mise en scène à l'économie mais efficace (la présence de Yasaka derrière la mère, dont elle ne voit que les pieds derrière un drap suspendu en train de sécher) qui fait de Yasaka une présence fantomatique dont on peut douter de l'existence réelle, et le non-dit qui dynamite cette famille tranquille. (vu en 2021)

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21 mars 2020

Alien: Covenant 2017 Ridley Scott

Covenant

D'un coté, l'imagerie SF est vraiment top, je veux dire, on a fait du chemin depuis La Planète Interdite, n'est-ce pas ? Mais ce film est bizarre : c'est un espèce de remake du premier Alien, juste en moins bon (l'original : tout tombe bien ensemble, celui-ci : rien justement). D'une part très sérieux, mais avec un scénario qui laisse songeur; y'a du monde là-dedans, mais on ne sait jamais vraiment combien, ni qui est qui, qui fait quoi. Pire, même eux ont l'air de ne pas être ensemble, de ne pas se rendre compte de ce qu'il se passe dans la pièce d'a côté, ce qui donne lieu à des moments assez gênants (dans le prems, on sait à peu près qui fait quoi, qui est où à chaque instant). Même leur comportement, tu comprends pas : si tu vois un gus trembler de toutes ses tripes, qui commence à saigner de partout, alors que tout le monde crient dans tous les coins, tu vas aller le prendre dans tes bras ou tu vas te casser vite fait ? Bref, joli, sérieux et un peu con à la fois, y'a quelque chose en trop dans l'equation. (vu en 2017-2018)

31 mars 2020

L'Étrange couleur des larmes de ton corps 2013 Hélène Cattet & Bruno Forzani

étrange couleur

C'est un film plutôt radical dans son entreprise de déconstruction, qui trouverait autant sa place dans une galerie d'art que dans une salle de cinéma. La sincérité des réalisateurs ne peut être mise en doute, et on a envie d'aimer ce film, qui est ma foi très beau, et qui laisse exténué et quelque peu frustré, tant le récit se dérobe et nous laisse à la merci de ces images parfois superbes, aggressives, souvent des gros plans qui nous refuse une vue d'ensemble, sans nous laissez reprendre notre souffle. Beau donc (les partie en noir et blanc semblent de trop quand même), suscite l'appétit, mais ne rassasie pas (ou trop ?). (Vu en 2017-2018)

3 avril 2020

Sils Maria (Clouds of Sils Maria) 2014 Olivier Assayas

sils maria

Sils Maria montre une situation plutôt qu'il raconte une histoire, dispositif qui rappelle Irma Vep. On y voit l'opposition entre une actrice d'un certain âge et la nouvelle venue (celles du film et celles du film dans le film), entre deux générations, entre cinéma d'auteur et de genre, entre les salons d'hôtels de luxe ou se décident les contrats et les paysages immuables des Grisons. Quelques ruptures Assayassiennes (pas tops) histoire de placer quelques morceaux de musique pop einh. Pas trop de vagues finalement, ce cinéma qui parle de lui-même laisse la place à ses actrices et en fait un beau portrait. (vu en 2019)

9 avril 2020

Susana la perverse (Susana) 1951 Luis Buñuel

Susana

Comme plus d'une fois dans sa période mexicaine, Luis éxécute sa commande efficacement, y glisse quelques images bien à lui, comme l'ombre des barreaux de la cellule qui dessine une croix, sur laquelle passe une araignée bien velue, (les premières minutes ressemblent d'ailleurs à une vielle série B d'épouvante), ou ce gros plan sur une libellule. Son film conserve encore aujourd'hui toute sa vigueur d'alors, et on croit l'entendre rigoler en douce derrière les images. Il faut voir la Susana (Rosita Quintana) après son évasion, comme une bête sortant de sa fange, débarquant dans cette brave famille bourgeoise, tout le monde matant ses jambes couvertes de boue, en se retenant de dire quoi que soit. Il faut voir le père (Fernando Soler, très bon as usual) astiquant le canon de son fusil en reluquant la belle, ou la mère lui donner des coups de fouet pour chasser la diablesse de son foyer. C'est Théorème avant l'heure, toute proportion gardée. Même si la morale est sauve à la fin, personne n'est dupe. Susaaaanaa. (vu en 2019)

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1 septembre 2020

Daydream (Hakujitsumu) 1964 Tetsuji Takechi

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Daydream fait le grand écart entre le pinku eiga (c'est le premier pinku à avoir bénéficié d'un budget important et à avoir été projeté pour le grand public) et le film arty. Joli film où le fantasme se substitue à la réalité, qui m'a beaucoup rappelé Dementia, pour son déroulement onirique, sa photo noir et blanc et sa brièveté. Le plan ou l'actrice Kanako Michi dévoile son aisselle poilue est sûrement là pour pallier à l'impossibilité de montrer des poils pubiens, censure japonaise oblige. (vu en 2020)

15 mai 2021

Chasseur blanc, coeur noir (White hunter black heart) 1990 Clint Eastwood

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L’histoire, transposée, de John Huston pendant le tournage, ou plutôt juste avant, de The African Queen. C’était une bonne idée d’avoir changé les noms, Clint ne peut pas vraiment incarner Huston n’est-ce pas ? C’est au début assez étrange de le voir dans ce rôle, surtout de le voir adopter cette élocution, le personnage est très loin de ceux qu'il joue habituellement. Mais le film est bon, d’une simplicité revendiquée. Il y joue donc John Wilson, réalisateur et grand viveur, se rendant en Afrique pour tourner un film, en réalité pour céder à son obsession d’abattre un éléphant en le regardant dans les yeux. Il y livre quelques convictions, notamment celle d’oser faire des films que le public n’attend pas, (un sur deux, environ), et se livre à un exercice masochiste, chose qu’il affectionne : le chasseur qu’il croît être se fait remettre en place par sa proie, la leçon coûtera la vie du seul homme qu’il estimait. Il confesse donc avec ce film que son style naît du souci d’être simple, et on vérifie qu’il n’est pas vraiment adepte des rôles de composition. Un bon cru, qui me paraît quelque peu oublié. (vu en 2021)

31 mai 2021

Dans la ville blanche 1983 Alain Tanner

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Paul (Bruno Ganz, grande cote chez les spectatrices) quitte son cargo à Lisbonne, loue une chambre et erre dans la ville, s’efforçant de manquer au monde, documentant son expérience avec une caméra 8mm et quelques notes, qu’il envoie à sa femme restée en allemagne, ou en suisse, bref. Paul essaie donc de se perdre, de s'absenter pour se retrouver, mais cela est-il possible ? Évidemment il finit par rencontrer une femme, à s’y attacher, ce qui ne va sans doute pas dans le sens qu’il s’est fixé. Il se fritte aussi avec un petit voleur local et se prend une lame dans le cœur, ce qui aurait pu être la fin logique de son périple, mais non. Tanner veut-il nous dire qu’il y a toujours une femme au bout du chemin, qu’elle est le salut ou l’ultime obstacle, peut-être les deux ? Peu importe après tout. Beau film poème et invitation au voyage, et qui illustre au passage ce que j’ai toujours pensé : c’est en s’exilant que les artistes suisses arrivent à quelque chose. (vu en 2021)

16 août 2021

Impitoyable (Unforgiven) 1992 Clint Eastwood

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C’est une des meilleures histoires que je connaisse et un scénario parfait pour Eastwood, qui n’a plus qu'à le filmer comme il sait le faire, simple, à l’économie. Il me semble que tout à déjà été dit sur ce film, sans doute son meilleur, et je ne peux que me joindre aux louanges. À le revoir, on mesure combien ces deux heures dix sont parfaitement habitées, il n’y a que peu de scènes de bravoure mais tout est à sa place et le récit se déploie avec justesse, tirant le parti de chaque minute. Il y a là toute l'ambivalence d’Eastwood, le réalisateur, l’acteur et l’homme, le film joue très intelligemment avec la legende et sa déconstruction, on frissonne de plaisir de voir Eastwood en vieux fermier rouillé incapable de monter sur sa carne, on jubile quand le fantôme William Muny revient d’outre tombe dans une effluve de whisky pour tater une dernière fois du colt. (vu en 2021)

31 mai 2021

Easy rider 1969 Dennis Hopper

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Deux motards font un deal de drogue puis taillent la route pour assister à un festival. En route, ils font différentes rencontres puis finissent par tomber sur des péquenauds qui mettent un terme à leur échappée à coups de fusils. Le récit est très loose avant que la fin ne vienne donner un sens à tout ça, en effet il ne se passe pas grand chose tout du long, des rencontres de hasard au gré de la traversée des paysages mythique de l’ouest, des hippies et des wasp. N’empêche, Fonda et Hopper sur leur bécane devant monument valley sur ces classiques rock fonctionnent à fond. Le trip au LSD laisse entrevoir un abîme intérieur dans lequel notre moi n’en mène pas large, comme si les promesses hippies nétaient qu’une illusion, qu’en nous il n’y avait qu’un abîme. La scène finale va dans ce sens, un coup de massue sur les promesses de liberté et de libération que laissaient entrevoir cette époque. We blew it, dit Peter Fonda. (vu en 2021)

18 août 2021

Mes chers amis (Amici miei) 1975 Mario Monicelli

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Une bande d’amis qui aime se retrouver pour rigoler, ils échappent ainsi à leurs épouses, leurs vie grisâtres, leurs petites misères. « C’est obligatoire de réussir sa vie ? ». Tout est là. Pris séparément, il y a des moment plus ou moins réussi, et pas mal de scènes très moyennes, mais ça fonctionne car encore une fois c’est porté par un courant de fatalisme, sans quoi la comédie serait juste un peu lourde. Ils ont tous une existence bien décevante qu’ils s’efforcent d’oublier le temps d’un jour ou deux passé à déconner. Ce monde pas marrant, sinistre, est le vrai sujet, et les blagues la consolation. (vu en 2021)

4 avril 2021

Les Amants 1958 Louis Malle

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Jeanne Tournier, bourgeoise de province, s’ennuie avec son Gaston de mari. Elle a bien un amant sur Paris, le latin lover José, mais elle s’emmerde avec lui aussi, c’est bête. Elle finit par connaître l’amour, le vrai, le temps d’une nuit, dans les bras du beau Bernard, un gars du peuple qui passait par là. Le matin venu, elle part avec lui, plantant là son hispanique, son mari, sa gosse, son manoir, et advienne que pourra. On sent bien qu’il ne faut pas compter sur Louis Malle pour la nouvelle vague, les modes et les courants il s’en fout, seul lui importe le sentiment amoureux, peut-être le discours contre la bourgeoisie, le reste n’a guère d’intérêt. D’abord classique, joliment éclairé par Decaë, le film est gentiment ennuyeux, comme les jours de Jeanne, mais on sent que ça ne va pas durer, que tout ça va s’écrouler comme un château de cartes. Las, l’amour arrive effectivement, mais Malle en fait un moment tellement niais, il nous sert ce lyrisme pour midinette, avec ces dialogues si ridicules qu’on a envie de se pincer, c’est pas vrai, on se demande comment c’est possible, en 1959 quand même. Cette séquence quasi onirique, montrant les futurs amants comme ennivrés par leur ballade de minuit, aurait dû être d’une poésie plus sauvage, plus crûe, plus primitive, un retour à la nature, à l’origine, mais nous n’avons droit qu’à du romantisme pour femme au foyer (c’est pas juste pour elles, j’en conviens), que le goût amer du doute final ne vient pas sauver. Je ne sais pas pourquoi je croyais que c’était un bon film… (vu en 2021)

5 décembre 2020

Testaments de femmes (Jokyô ) 1960 Yasuzô Masumura, Kon Ichikawa, Kôzaburô Yoshimura

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Film à sketch mettant en scène trois histoires de femmes vénales (si c’étaient des hommes, on aurait dit ambitieux). Masumura est aux commandes du premier, pour lequel il retrouve Ayako Wakao. Elle travaille dans un club, essore le portefeuille des pigeons qui croisent son chemin, et trouve toujours une excuse pour ne pas finir dans leur lit. Jolie petite fable façon tel est pris qui croyait prendre, dont elle sort la tête haute . Le second par Ichikawa est très beau, Fujiko Yamamoto (quel profil !) y séduit sa proie en adoptant la grâce d’un fantôme (japonais). Le troisième est plus mélo et moralisateur, mais pas désagréable. On passe un bon moment grâce aux trois actrices et au talent des réalisateurs, ce qui est déjà très bien pour ce genre de film souvent inégal. (vu en 2020)

29 décembre 2020

Dernier caprice 1961 (Kohayagawa-ke no aki) Yasujirô Ozu

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Un veuf dont l’entourage essaie de marier deux de ses filles (lui a un peu l’air de s’en battre) cache à sa famille une relation avec une copine de jeunesse qu’il vient de retrouver. C’est un truisme de dire qu’il ne se passe pas grand chose dans un film d’Ozu, mais c’est particulièrement le cas dans celui-là. Quoi que. Le film a un mouvement du léger au grave : les affaires familiales bon enfant et les amours tus sont nuancées par des comportements plus rudes dictés par la nécessité (la copine retrouvée qui prétend qu’il est le père de sa fille, tu parles) puis la mort frappe et relativise tout ça. Il me semble que je n’ai jamais vu représentation du sentiment de mort plus franche, plus nue qu’ici, ne s'opposant pas à la vie mais participant du même mouvement. N’empêche, la scène du couple au bord de la rivière (d’ailleurs d’où sortent-ils ceux-là?) qui observe la fumée s’échapper de la cheminée du crématorium, entouré de corbeaux, surprend par sa noirceur, pour ne pas dire qu’elle glace les os, et on se dit qu'à cette époque, le père Ozu devait avoir tendance à considérer son verre de saké à moitié vide (il meurt en 1963). A part ça, je réalise en voyant Dernier Caprice combien son style est loin d’une certaine idée du réalisme : ces champs contre-champs désarmants, la caméra plantée bien en face des acteurs, ces plans sans perspective, ces inserts presque abstraits, cette sidérante harmonie de couleurs que la réalité serait bien en peine à produire, il n’y a ni expressionnisme, ni poésie, ni lyrisme, trop grossier tout ça, tout tend vers une forme neutre (utilise-t-il toujours la même focale?), vers les choses telles qu’elles sont, éphémères. (vu en 2020)

15 avril 2021

La Route de Salina 1970 Georges Lautner

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Jonas, qui fait la route comme il se doit en ces années 70, échoue dans une cantine-station service, où une mère et sa fille le prennent pour leur fils/frère, qu’ils n’ont pas vu depuis quatre ans. On voit assez vite ce qu’il se passe dans ce canevas assez classique, et on sait que l’atmosphère primera sur l’histoire. De fait, Lautner tire bien parti des paysages lunaires de Lanzarote sur lesquelles se détache un impitoyable ciel bleu, le rouge de la pompe à essence, la voiture jaune de Billie, pour produire une ambiance toute de sueurs, celle qui colle à la peau et dont on n’arrive pas à se débarrasser. Jonas est pris au piège dans un hors-du-monde, profitant d’une pension complète comblant ses désirs de petit garçon et lui faisant oublier ses velléités de jeune hippie, à la merci de ses deux hôtesses, jouant leurs jeux sans connaître leurs règles, sentant qu’il lui manque une pièce du puzzle, devenant pièce de ce puzzle lui-même. Robert Walker Jr est bien fluet et n’a aucune chance face à la gracile mais fatale Mimsy Farmer. Il est dommage que l’on ait plaqué cette voix off redondante sur ce film très visuel, sans doute quelqu’un pensait que le spectateur serait trop largué, mais cela aurait participé du climat délétère de ce beau film. (vu en 2020)

25 décembre 2020

Les Éternels (Jiang hu er nü) 2018 Zhangke Jia

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Qiao (la géniale Zhao Tao) et Bin sont amants et à la tête d’une bande mafieuse à Datong. Quand Bin a des ennuis, Qiao fait de la prison à sa place. Lorsqu'elle en sort, Bin à mis les voiles. La première partie est plutôt flamboyante, et culmine avec cette scène superbe où Qiao brandit son revolver vers le ciel. Puis commence un autre film, le romantisme n’est plus là, comme s’il avait été digéré par les mutations bouleversant le pays. Très beau film, Jia parle des grands changements qui jalonnent l’histoire de son pays (son grand sujet), de la façon brutale dont ils changent les relations tant sociales qu’intimes, en étendant son récit sur 17 ans. Il a sa façon bien à lui de tirer son film vers le genre, du moins dans la première partie, et on prie pour qu’il puisse réaliser son wu xia pian un jour. (vu en 2020)

20 décembre 2020

Piège pour Cendrillon 1965 André Cayatte

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Après un accident l’ayant laissée gravement brûlée et ayant entraîné la mort de sa cousine, Michelle se réveille amnésique. Elle sent très vite qu’on lui cache quelque chose. La bonne surprise, c’est qu’on ne nous mène pas en bateau avec cette histoire dont on saisit immédiatement les potentielles machinations, en effet peu importe que cette femme soit Michelle ou Dominique, puisqu’elle n’est finalement ni l’une ni l’autre. Cayatte nous entraîne dans une atmosphère trouble faite de meurtre et relations saphiques. Les femmes, très volontaires, sont l’épicentre de ce récit, (les hommes sont leurs jouets), surtout la mimi Dany Carrel, que Cayatte n’hésite pas à déshabiller (faut dire qu’elle est bien dessinée). Sa mise en scène parait un peu raide au début mais, le film devenant de plus en plus intéressant au fur et à mesure de son déroulement, on va dire qu’elle est simplement d’une belle rigueur. Et Dany Carrel donc, qui joue trois personnage qui n’en font qu’un, est assurément le point fort du film. Non qu'elle ait un jeu particulièrement bon, elle à tendance à en rajouter dans ses trois personnages, mais Cayatte sait l'observer et la faire briller. On pense à Balthus, par exemple lors du plan où Do regarde Mi faire la sieste. Très belle découverte. (vu en 2020)

17 janvier 2021

Samouraï (Samurai) 1965 Kihachi Okamoto

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Tsuruchiyo, orphelin, sabreur émérite et rebelle dans l’âme, veut devenir samouraï. Il s’allie à un clan qui, par vengeance, veut éliminer un puissant notable, chef d’un clan ennemi. Comme dans beaucoup de Chambara, on est dans de la lutte entre clans avec avalanche de noms au milieu desquels on est vite perdu, mais on finit par retomber sur ses pieds. Le film adopte la forme de flashbacks éclairant les origines de Tsuruchiyo (Toshiro The Boss Mifune) et les circonstances qui font qu’il finira par tenir la tête de son père au bout de son sabre. Le Samouraï du titre n’est pas celui de Miyamoto Musashi, on sent la décadence, le fameux bushido est loin derrière, c’est sombre et beau, shakespearien sur les bords, Léonien dans le traitement des personnages. Les hommes aux aguets devant le château me rappellent certaines images du The Blade de Tsui Hark. (vu en 2021)

17 janvier 2021

The King of Staten Island 2020 Judd Apatow

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Scott n’a pas vraiment grandi depuis la mort de son père, il crêche toujours chez sa mère, partage son temps entre le sofa, la fumette, sa copine et diverses conneries, et ne voit pas le problème. Comédie plutôt bien vue, drôle, touchante, dont les nombreux dialogues appartiennent sans conteste à nos années 2020. La fin est très morale, fini de déconner, Scott va mûrir, tant mieux pour lui, tant pis pour nous. (vu en 2021)

16 janvier 2021

Y aura-t-il de la neige à Noël? 1996 Sandrine Veysset

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Dans une famille de maraîchers, la vie de tous les jours, entre le boulot, les jeux des gosses, et la lutte de la mère contre ce mari toxique. On est convaincu qu’on assiste aux souvenirs de la réalisatrice, tant ces images sont chargées de la véracité de nos propres souvenirs d’enfance. L’histoire, pas gaie, est habilement amenée, avec tact et retenue, assombrissant peu à peu le soleil d’été, la réalisatrice opposant à ces lugubres évènements la fraîcheur de ses images. Ainsi le film, comme la mère, est constamment entre joie et souffrance, mais sans pathos et sans lourdeur. Très réussi, plutôt méconnu, entier, travaillé par le souvenir et le sentiment plutôt que par l’analyse et la conscience de lui-même, et qui a une façon d’ignorer les catégories habituelles du cinéma français, celui dit d’auteur ou de divertissement. (vu en 2021)

16 janvier 2021

La Femme qui s'est enfuie (Domangchin yeoja) 2020 Sang-soo Hong

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Le mari de Gamhee est en voyage d'affaires, celle-ci en profite pour rendre visite à trois de ses amies. Hong filme des conversations entre femmes auxquelles s’incrustent quelquefois des hommes, avant qu’ils ne se fassent jeter. On remarque la construction en triptyque, et ce questionnement sur l’amour et la répétition. Il y a un plaisir voyeuriste (définition du cinéma?) à regarder ces femmes converser (leur diction, leur gestes…), à découvrir ces petits quartiers de la périphérie de Séoul, dans ce dispositif tout simple et assumé jusqu’au bout. Plaisir aussi de ce cinéma du non événement et de la futilité inquiète, on cause, on bouffe, on boit, on socialise… A moins que tout ça ne soit un prétexte pour filmer la belle et talentueuse Kim Min-hee, c’est pas exclu. (vu en 2021)

27 mars 2021

Imprint 2006 Takashi Miike

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A la recherche de Komomo, une prostitué dont il est salement amoureux et qu’il a promis de ramener aux Etats-Unis, Christopher (Billy Drago, mauvais dans l’emphase) débarque sur une île qui pourrait bien être l’enfer. Il passe la nuit avec une consœur de Komomo qui cache bien des secrets. Miike (109 films au compteur depuis 1991!) décide de ne rien nous épargner avec ce pots pourris d’atrocités : inceste, parricide, foetus jetés dans la rivière comme des détritus, et j’en passe. Sans rentrer dans les détails, on n’a certainement pas envie de rire pendant l’éprouvante scène de torture de Komomo (un truc à base d’aiguilles...). Miike ne recule devant rien et filme tout ça dans une palette de couleurs outrancières, pourquoi pas. Puis cette femme dévoile son secret, et le film s’écroule. Ça fonctionnait jusqu’ici car ce catalogue d’abominations restait réaliste, mais il surenchérit avec le coup de cette main cartoonesque qui sort du crâne de la dame (sa jumelle, vois-tu) et tire le film vers le grotesque (j’ai pensé à Topor, mais qu’est-ce qu’il fout là). Peut-être un truc typique de l’horreur asiatique, puisqu’on voyait déjà un peu ça dans Evil Dead Trap, et que ça laissait tout aussi incrédule. Il aurait dû s’arrêter aux aiguilles, à mon avis. (vu en 2020)

27 février 2021

La Cérémonie 1995 Claude Chabrol

la cérémonie

Sophie est la nouvelle bonne chez les Lelievre (!). Bosseuse, taiseuse et analphabète, elle se lie avec Jeanne, la postière du village, qui ne peut pas blairer cette famille de Bourgeois. C'est la description subtile des mécanismes pernicieux qui perpétuent ce système de classes sociales et qui aboutissent à ce fais divers criminel. Les Lelievre ne sont pas méchants, juste privilégiés, Sophie et Jeanne sont certes défavorisées mais ont également leurs zones d’ombres, les deux camps connaissent leur place et leur rôle et s’y conforme sans les remettre en question (leur rapport à la TV est significatif : les emissions debiles pour l’une, la culture consensuelle pour les autres). Même quand les Lelievre se veulent  gentils, ils occupent la position de dominant et ne manquent jamais de rappeler à Jeanne sa position (c’est quand même la bonne, merde). D’autre part, cette dernière n'est jamais montrée comme une victime des Lelievre, elle n’est pas une oie blanche et Chabrol évite d’en faire un personnage auquel on s’identifie, s’il y a victime alors ils le sont tous. Bon film, on note au passage la très bonne direction artistique, les décors et accessoires de la maison des Lelievre. (vu en 2021)

27 mars 2021

Ongaku 1972 Yasuzô Masumura

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Reiko consulte un psy à cause d’un problème de frigidité, un trouble qui menace la relation qu’elle entretient avec le beau Ryuichi. Un film qui se joue sur le territoire du subconscient, que la mignonne Reiko (Noriko Kurosawa) doit arpenter pour découvrir la source de son problème : son désir pour son frère. Comme tous les films qui parlent ouvertement de psychanalyse (comme Spellbound), tout ça semble assez tiré par les cheveux (Reiko désire porter l’enfant de son frère et pour être disponible, s’interdit d’éprouver du plaisir avec les autres hommes, ne pouvant se laisser aller qu’avec des vieux ou des impotents, mmmh) cependant Masumura conduit bien son récit et a quelques idées visuelles très intéressantes (comme ces ciseaux). Un suspense psychanalytique et érotique sur des désirs féminins tordus, qui n’arrive pas à la hauteur de ses meilleurs films mais qui se révèle tout à fait plaisant. (vu en 2021)

6 octobre 2021

À l'aventure 2008 Jean-Claude Brisseau

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Interloquée par son amie qui se réjouit de se marier, Sandrine décide de vivre, elle quitte job, petit ami et inhibitions et verra bien où ça la mène. Ça la mène sur les traces d’un professeur de philosophie et de son ex, et celles d’un couple libertin dont la femme se fera hypnotiser pour vivre l’extase suprême. Au programme, érotisme et mysticisme, le plaisir féminin comme révélation ultime, ou comme voie sans issue. Les prémisses sont passionnants et nous ouvre l'appétit, les scènes chaudes sont jolies et cucul, la fin nous laisse sur la nôtre, puisque les désirs d'émancipation de Sandrine ne trouvent aucune brèche où s’accomplir, noyés dans ce mysticisme ma foi un brin cheap et complaisant. N’empêche, Brisseau est bien le seul à faire ça et s’il ne trouve pas d’issue, il a le mérite de tenter l’aventure. (vu en 2021)

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