Jeanne Tournier, bourgeoise de province, s’ennuie avec son Gaston de mari. Elle a bien un amant sur Paris, le latin lover José, mais elle s’emmerde avec lui aussi, c’est bête. Elle finit par connaître l’amour, le vrai, le temps d’une nuit, dans les bras du beau Bernard, un gars du peuple qui passait par là. Le matin venu, elle part avec lui, plantant là son hispanique, son mari, sa gosse, son manoir, et advienne que pourra. On sent bien qu’il ne faut pas compter sur Louis Malle pour la nouvelle vague, les modes et les courants il s’en fout, seul lui importe le sentiment amoureux, peut-être le discours contre la bourgeoisie, le reste n’a guère d’intérêt. D’abord classique, joliment éclairé par Decaë, le film est gentiment ennuyeux, comme les jours de Jeanne, mais on sent que ça ne va pas durer, que tout ça va s’écrouler comme un château de cartes. Las, l’amour arrive effectivement, mais Malle en fait un moment tellement niais, il nous sert ce lyrisme pour midinette, avec ces dialogues si ridicules qu’on a envie de se pincer, c’est pas vrai, on se demande comment c’est possible, en 1959 quand même. Cette séquence quasi onirique, montrant les futurs amants comme ennivrés par leur ballade de minuit, aurait dû être d’une poésie plus sauvage, plus crûe, plus primitive, un retour à la nature, à l’origine, mais nous n’avons droit qu’à du romantisme pour femme au foyer (c’est pas juste pour elles, j’en conviens), que le goût amer du doute final ne vient pas sauver. Je ne sais pas pourquoi je croyais que c’était un bon film… (vu en 2021)