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La Diablesse aux 1000 Visages
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26 mai 2022

L'Innocent (L'innocente) 1976 Luchino Visconti

Innocent

Tullio est un aristocrate marié à la sublime Giuliana (Laura Antonelli), il la trompe avec la très libre Teresa, sans s’en cacher. Du coup Giuliana lui rend la monnaie, ce qui allume Tullio, il se met en tête de reconquerir sa femme, qui devient d’un coup désirable, évidemment. Mais elle est enceinte de son amant, un écrivain en plus ! Tulio ne peut accepter que ce bâtard soit son descendant, quitte à commettre un infanticide. Un drame mortifère qui montre la fin d’une aristocratie condamnée à disparaître, en tout cas à se faire plus discrète. On est sidéré par la peine que se donne Luchino pour mettre en scène ce beau monde, où on doit quand même bien s’emmerder comme partout ailleurs sinon plus. On repère par exemple une pile de livres posés sur le bord d’une table, juste un détail dans un cadre surchargé, et l’on comprend que la façon dont ils sont disposés, c'est-à-dire dans un apparent désordre, ne doit rien au hasard. La méticuleuse attention au cœur des somptueux  panoramiques montrant les intérieurs de cette classe en sursis a quelque chose de religieux, dans le sens sacré du terme. C’est beau. (vu en 2022)

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2 mai 2022

Le Syndrome chinois (The China Syndrome) 1979 James Bridges

Syndrome chinois

La présentatrice vedette Kymberly Wells, que sa chaîne cantonne aux sujets légers, et le caméraman Richard Adams, le genre à toujours ouvrir sa grande gueule face à ses salauds de patron, font un reportage de routine dans une centrale nucléaire. Quand ce qui ressemble à un grave accident se produit, le caméraman laisse sa caméra tourner en douce. S’ensuit une lutte entre les deux journalistes, rejoints par le superviseur technique de la centrale, face aux intérêts financiers de cette dernière. Dans la tradition des films qui dénoncent le pouvoir abusif de l'établissement, celui-ci n’est pas dans le haut du panier mais est plutôt pas mal mis en boîte, disons qu’il manque quand même du poids au danger que représente cette centrale, danger qui ne passe pas par l’image. Les scènes de filature en voiture ne sont pas ce qu’il y a de mieux dans la chose, de même Michael Douglas en béret et pattes d’eph’ qui tire trop sur la couverture, mais on suit sans se faire prier la belle Jane (où ne la suivrait-on pas ?) et le sympatoche Jack Lemmon. (vu en 2022)

18 mai 2022

Bon à rien (Rokudenashi) 1960 Yoshishige Yoshida

Bon à rien

Jun est étudiant, il vit sans doute son dernier été avant d’entrer dans l'âge adulte, et il est fauché. Il traîne avec ses potes, dont l’un est tout aussi sec que lui, alors que les deux autres sont des fils à papa aisés. Ils s’emmerdent tellement que pour rigoler, il kidnappe Ikuko, la secrétaire du père de Toshio (l’un des deux fils à papa donc…), histoire de tuer le temps. Yoshishige dresse le portrait de la jeunesse japonaise des années 60, désœuvrée, désabusée, avec comme seul futur une carrière de salaryman et leur bergère qui les attend à la maison. Toshio n’a pas à s'en faire financièrement, il semble se foutre de tout et prendre la vie comme elle vient, mais est le plus lucide des quatres. Jun, lui, refuse cet avenir tout tracé, a vrai dire il refuse tout ce qui se présente, si tu lui dit de tourner à droite, il prend la gauche, s’il a une chance à saisir, il la refuse, pareil avec l’amour, quand il se présente. Le constat est amer, le rythme nouvelle vague, et la bande originale jazzy. (vu en 2022)

27 février 2020

Réincarnations (Dead and burried) 1981 Gary Sherman

réincarnations

Quelques moments sympatoches, comme l’infirmière (Lisa Blount) qui te fait une piqure dans l’oeil (les infirmières...), ou quand on projette au shérif et à sa femme le film de sa propre mort, assassiné par elle justement, au lit, alors qu’elle était déjà un zombie, tout deux ignorants de la chose (tu suis ?). Jolie trouble. À part ça, j’ai trouvé le film longuet, sans rythme, Gary Sherman n’arrive pas à faire quelque-chose de sa petite ville balnéaire (j’évite de dire « donner vie »...), James Farentino est bôf, et on attend souvent que ça s’passe.  (vu en 2017-2018)

24 février 2020

A Dark song 2016 Liam Gavin

dark song

Ce film, sans doute pas sans défauts, qui nous amène doucement, lentement, vers un territoire aussi merveilleux qu'épouvantable, arrive a être assez flippant avec trois fois rien : un oiseau qui s'écrase sur une vitre, du sel que l'on répand sur le sol, un bruit à l'étage, ou une pluie de paillettes dans un salon, parce que tous ces signes sont chargés d'un sens effrayant. Tout ça est fait à l'économie, deux acteurs, une maison, des bouts de ficelles, et ça fonctionne bien. Evidement, quand à la fin il s'agit de vraiment montrer les démons (quelque chose du genre en tout cas), c'est un peu plus discutable, mais le film, indépendant jusqu'au bout, conserve sa manière bien à lui. (vu en 2017-2018)

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19 avril 2020

Tomboy 2011 Céline Sciamma

tomboy

C'est le premier film de Céline Sciamma que je vois. Marrant, il passait à la TV alors que j'étais dans un magasin, sans son, et je me disais que ces images avait vraimment quelque chose, je pensais que c'était un genre de téléfilm d'auteur (sorry), mais c'est vrai que ses cadres passent bien à la télévision. Alors le style Sciamma est bien là ; cette façon d'amener ses personnages dans le cadre, d'en exclure le maximum de distraction (décors minimalistes, peu d'adultes, pas d'information de lieu, d'époque...), de parvenir à une lisibilité immédiate. Ses préoccupations sont bien là (la question du genre donc), sous la forme d'une histoire à suspens adoptant le point de vue des enfants, comme Spielberg pour ET. (vu en 2017-2018)

25 avril 2020

Sierra torride (Two mules for Sister Sara) 1970 Don Siegel

sierra torride

Bien agéable western ma foi, dans le style dynamique de Don Siegel. On voit que Leone est passé par là. L'histoire n'appelle pas beaucoup de commentaires, ça fonctionne sur l'inusable duo mal assorti (Shirley McLaine en nonne portée sur la bouteille, Clint en... Clint). La musique de Morriconne est top. Les meilleurs moments sont ceux où ce drôle de couple se découvre, se jauge, s'apprivoise, au gré de multiples péripéties. La fussillade de la fin est règlementaire, c'est dur de faire une scène de fusillade intéressante, il faut que ce soit chorégraphié, que ce soit une danse (Peckinpah, Woo...), sinon bof quoi. On apprend à la fin que Shirley est une prostituée (on s'en doutait tout du long), eh ben elle est mieux en nonne. (vu en 2020)

28 avril 2020

Vivre dans la peur (Ikimono no kiroku) 1955 Akira Kurosawa

 

vivre dans la peur2

Peur du nucléaire, gueguerre de famille (on se dispute pour le fric), on sait que AK ne fait pas dans la comédie, mais là c'est particulièrement sinistre. Ça doit être le visage de Toshiro Mifune, crispé par l'angoisse, méconnaissable. Il en fait un peu beaucoup mais est toujours d'une présence impressionnante, c'est sûr. AK questionne la norme et la folie (par l'entremise de Takeshi Shimura, qui ne semble être là que pour ça), ne sommes nous pas fous de vivre inconsciemment alors que le danger nucléaire (ou la menace de ton choix...) plane au dessus de nos têtes ? Pas aussi fort ni plastiquement ni scénaristiquement que ses grands films, mais cohérent dans son oeuvre. (vu en 2020)

28 avril 2020

M. Butterfly 1993 David Cronenberg

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Ce film est plutôt réussi, dans sa tentative de montrer un homme complètement aveuglé par son idéal amoureux, dans un renversement (j'aime bien les renversements) de Madame Butterfly, où la femme/l'asie se venge et ridiculise l'homme blanc/l'occident (d'où le M. du titre). Beaucoup aimé l'utilisation des décors, qui n'essaient pas de se faire passer pour the real thing, mais sont là en tant que tels, d'où cette impression d'être dans l'imaginaire de Gallimard. De même , les artifices sont toujours visibles : Butterfly (on voit bien que c'est un homme) apprenant même à Gallimard que dans l'opéra chinois, les rôles de femmes sont tenu par des hommes. L'artifice devient ainsi le coeur du film. Cronenberg dégraisse son récit comme il sait le faire, entremélant habilement cette atmosphère irréelle avec l'Histoire Gallimard choisit l'imaginaire et le travestissement plutôt que la réalité, devient acteur de cette supercherie, puis choisit de le rester une fois celle-ci dévoilée, plutôt que d'être le spectateur de sa propre tragédie ridicule. (vu en 2020)

12 novembre 2020

Passion (Manji) 1964 Yasuzô Masumura

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Une femme raconte son histoire à un homme aux airs de professeur (qui est-il ? Tanizaki lui-même ?) : Sonoko, c'est d'elle qu'il s'agit (Kyoko Kishida, La Femme des Sables) tombe raide dingue amoureuse de Mitsuko (Ayako Wakao, jolie coupe de cheveux), belle manipulatrice qui l’entrainera au bord du précipice. Masumura remet ça, a savoir une femme qui par sa beauté subjugue son entourage et l’entraine vers sa perte. “Comment est-ce possible d’avoir un corps aussi superbe ? Pourquoi m’avoir caché si longtemps cette pure merveille ? C’est trop ! J’ai envie de te tuer !” s’exclame Sonoko après avoir prié Mitsuko de se déshabiller. Évidemment, il n’est jamais clair si Mitsuko est bourreau ou victime, les deux sans doute. Masumura n’a cure d’ancrer son récit dans un quelconque réalisme, le film est tissé de l’obsession du réalisateur pour le corps féminin, dépositaire de la plus grande beauté qui soit et source des plus grands tourments. Ayako Wakao est comme d’habitude impériale, notre regard scrute chaque courbe de son anatomie (quelle nuque, quelles épaules !), Kyoko Kishida, par contraste, est toute en bouche, grands yeux et extrême sensibilité. Le film est un écrin pour les deux actrices. Comme Sonoko devant sa maîtresse, on s’écrit qu’il est scandaleux de faire des films aussi beaux. (vu en 2020)

19 novembre 2020

Les Baisers (Kuchizuke) 1957

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Kinichi et Akiko se rencontrent en rendant tous deux visite à leur père respectifs… en prison. Ils passent la journée ensemble, puis se quittent plus ou moins fâchés. Conquis par les quelques Masumura vus jusqu’alors, je me lance dans sa filmographie, dont Les Baisers est sa première réalisation. Belle petite histoire racontée en 1h15, jeunesse japonaise en ces années 50 finissantes, en rupture avec la tradition, envie de s’amuser, de se libérer du passé familial, de se faire sa place. Tout l’enjeu pour ces deux jeunes gens est de choisir quelle voie ils suivront, Kinichi s’affranchira-t-il de ses indignes de parents en choisissant Akiko, cette dernière fera-t-elle de son corps un produit afin d’obtenir la caution pour faire sortir son vieux de taule (déjà qu’elle est modèle pour peintre...) ?, bref choisiront-ils de se vendre ou de rester entier, se résigneront-ils à devenir ce que leur entourage souhaite, ou donneront-ils une chance à leur sentiments naissants ? Le sort de l’un est entre les mains de l’autre. Pas de kimono ni de tatami, mais des pères en prison et une mère qui a largué les amarres, un bord de plage et des maillots de bain, une patinoire et une discothèque, des baisers et des coups de poing. (vu en 2020)

24 novembre 2020

Doux, dur et dingue (Every which way but loose) 1978 James Fargo

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Philo aime la castagne et son orang-outan. Il s’amourache d’une chanteuse country pas très nette, file une rouste à un gang de motard décoré de croix gammées (et une autre à un flic). Clint continue d’apporter des nuances à son personnage d’anti héros, plus fin que certain pourrait penser. Le film précédent était un passage en force bourrin (L’Épreuve de force), celui-ci est une ballade cool, tendre et jamais dramatique, parfois drôle et subtilement pudique, un véhicule parfait pour que s’y exprime l’intérêt de Clint pour l’americana. J’en ai retardé la vision, je craignais d’y trouver un film un peu ringard, une erreur de parcours, je me trompais, évidemment. La mamie (Ruth Gordon, Rosemary’s Baby) qui tient en joue les motards avec son fusil rappelle Mad Max qui sortira un an plus tard. Et alors ? Rien. (vu en 2020)

4 novembre 2020

The Slave widow (Dorei mibôjin) 1967 Mamoru Watanabe

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Mitsuko habite une belle villa dans un paysage enchanteur. Elle apprend le décès de son mari, un homme d’affaire criblé de dettes, et fait la connaissance de Kito, un de ses créanciers, qui va reprendre le business et toutes ses dettes, ainsi que la villa. Il fait comprendre à la belle Mitsuko que si elle sait se montrer peu farouche, elle pourrait la conserver et ne pas se soucier de son avenir financier. Sur cette trame très simple, Mamoru Watanabe trousse un petit film pas désagréable. C’est un pinku eiga, donc l’histoire est subordonnée aux scènes obligatoires d’action horizontale (limitées ici aux préliminaires). On constate qu’en 1967, Naomi Tani savait déjà s'abandonner aux plaisirs de la chair comme personne, mais ne donnait pas encore dans la corde et le fouet. Il y a d’autres personnages, le fils de Kito et sa fiancée, la servante toute mignone de Mitsuko, plus là pour pour la chose que pour développer le récit. Mis à part les scènes érotiques, finalement pudiques et joliment emballées, on peut également voir quelques beaux plans de Mitsuko, les cheveux détachés , au bord d’un lac où, dit-on, une princesse se serait donnée la mort. Elle y évoque un fantôme (japonais) et donne ainsi au film son côté mélancolique et ambivalent. En effet, Mitsuko est-elle simplement le jouet des hommes, ou est-elle possédée par un démon qui la pousse à la luxure, comme le prétend Kito ? N’avoue-t-elle pas elle même que sa tête dit non mais son corps dit oui ? Sans aller plus loin, cette lecture enrichi le film qui, sans ça, aurait été un peu terre à terre. (vu en 2020)

8 décembre 2020

Le gars des vents froids (Karakkaze yarô) 1960 Yasuzô Masumura

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Takeo, yakuza de son état, sort de prison et doit batailler avec un gang rival, de plus il rencontre la mimi Yoshie, qui le poussera vers la sortie. Cette trame qu’on a déjà vu 1053 fois depuis est ici menée d’une manière quelque peu anonyme par Masumura, dont on attend un peu plus. Sans être mauvais, il ne donne guère vie à ces yakuzas, à ces quartiers, bref il assure le minimum. On dirait que le film est un véhicule pour Yukio Mishima, on sent qu’il a dû prendre du plaisir à jouer ce mec tout en muscle et en cuir, mais son jeu est assez limité, et il a cette tendance à vampiriser chacune de ses scènes. (vu en 2020)

30 janvier 2020

Burning (Beoning) 2018 Lee Chang-dong

burning

“Ne fais pas comme si la mandarine existait, oublie qu’elle n’existe pas” dit la petite Hae-mi à Jong-su (de tête), et c’est sans doute la clef du film, qui parle de cinéma et de fiction (je crois). On est amené à douter de tout ce que l’on voit : le chat existe-t-il ? le chat est-t-il Hae-mi ? Ben est-il un tueur ? Jong-su le tue-t-il ? Y-a-t-il vraiment un mystère, tout ne se passe-t-il pas dans l’imagination de Jong-su ou dans le livre qu’il veut écrire ? Est-ce-que j’ai fermé ma voiture à clef ? Tout ceci n’est jamais explicite, tout semble arriver, mais après coup on peut douter de tout ce que l’on a vu, et ce doute est amené avec une grande subtilité. On note aussi quelques commentaires sur la Corée d’aujourd’hui, le fossé entre riches et pauvres, nord et sud, ville et campagne… Et oui, la scène de danse d’Hae-mi sur la trompette de Miles Davis ne s'oublie pas. On est invité à se perdre, sans résistance. Haunting. (vu en 2019)

30 janvier 2020

Apprenti gigolo (Fading gigolo) 2013 John Turturro

apprenti gigolo

On aime bien John Turturro l'acteur (Jesus !) c'est d'autant plus consternant de découvrir ce film qu'il a réalisé et interprété. Alors, c'est un type super sympa (Turturro himself), il est gigolo mais il est super sympa, super sensible (ça empêche pas, d'accord), et il sait cuisiner en plus. Son mac c'est Woody Allen, qui n'arrive pas à être drôle, même s'il joue comme dans ses autres films, comme quoi. Vanessa Paradis joue, mal, une veuve juive (!) inconsolable, qui se fait consoler quand même (et masser, aussi) par le gigolo super sympa, du coup elle reprend goût à la vie la pauvre (en plus il lui fait la cuisine). Bref, c'est jamais drôle, ça nous dit que la tolérance y'a que ça de vrai, et que NY est sa capitale. On a vite envie de distribuer des claques à tout le monde. (vu en 2017-2018)

2 février 2020

The Jane Doe identity (The Autopsy of Jane Doe) 2016 André Øvredal

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D'abord mystérieux et intriguant, tout dans l'inquiétude, la suggestion. Puis le film rend visible ce qui était seulement suggéré, lâche ses effets et rejoint le tout venant du film d'horreur d'aujourd'hui. Dommage qu'il rentre dans le moule ainsi, un film d'horreur ne se doit-il pas d'en rester à l'écart ? Forcément décevant. (vu en 2017-2018)

18 juin 2020

Le Grand alibi Stage Fright 1950 Alfred Hitchcock

grand alibi

Il y a les grands films d'Hitch, et il y a ces petits où l'on trouve beaucoup à aimer : Marlène Dietrich (la classe, et des répliques qui tuent : "C'est très jolie, si on peut appeler jolie une robe de deuil. Y aurait-il moyen d'ouvrir le décolleté ?"), des beaux plans comme la porte d'entrée qui s'ouvre sur la robe ensanglanté, ou le regard angoissé de Jane Wyman qui pensent qu'elle va y passer, dont seuls les yeux émergent de l'ombre, le coup de la poupée, la vie comme représentation théatrale, et le théatre comme vie (un classique). Ce bon petit film rappelle sa période anglaise. (vu en 2020)

7 juillet 2020

Fenêtre sur cour (Rear window) 1954 Alfred Hitchcock

fenetre sur cour

C'est méga bien, c'est aussi le film le plus analysé, décortiqué, disséqué, interprété de l'Histoire, qui a donné lieu à tant de textes passionnants, que veux-tu que je dise, moi ? Du coup je suis sans mots. J'aime ce film depuis que je suis gamin, même si je n'y voyais bien sûr pas toutes ses lectures, sa symbolique (même maintenant, bref...), mais c'est le propre des grands réalisateurs, de faire des films divertissant et savant à la fois, n'est-ce pas ? Bref, à la revoyure, j'ai été surpris par ce plan de l'hélicoptère (j'ai rêvé ?), j'ai aimé cette lecture du mariage, et le fait que James Stewart ne tombe amoureux de Grace Kelly que quand elle passe de l'autre coté, qu'elle devient inaccessible, qu'il peut enfin l'observer avec ses jumelles, comme s'il ne la voyait pas avant ça. Le plan sur ses mains, quand elle montre la bague à son doigt, est magique. On y voit aussi un échange de baiser torride, et je ne me rappelais pas cette touchante tirade de la maîtresse du petit chien. Voilà. (vu en 2020)

9 juillet 2020

Eraserhead 1977 David Lynch

eraserhead

Je n'ai jamais été trop pressé de voir ce film, bon c'est chose faite. Et j'ai vu ce à quoi je m'attendais : images et bande son fortes, univers anxiogène, le tout est très arty. Un film qu'on imagine projetté dans la salle d'un musée d'art contemporain. Ma limite, c'est que contarirement aux Lynch à venir, celui-ci ne m'implique jamais emotionnellement (vaut mieux pas s'attacher au bébé remarque...), a vrai dire on s'en balance une peu des misères d'Henry. Là où j'ai été étonné, c'est de voir que l'univers de Lynch est déjà là, les intérieurs louches, les motifs de la moquette, les branches d'arbres sur leur cône de terre, les longs silences entre les dialogues, l'électricité, etc. C'est pas gai, mais j'ai cru déceler un certain humour derrière tout ça (ou c'est moi ?). (vu en 2020)

9 juillet 2020

Dementia 1955 John Parker

Dementia

Apparemment le seul film de son auteur, et quel dommage ! J'ai vraiment adoré cette chose onirique, pas compliquée mais obscure, pas réaliste mais pas ouvertement bizarre comme... tu sais qui, ce récit qui n'obéit qu'à la logique du rêve, cette atmosphère d'irrésistible danger, cette héroïne si éloignée des types de femmes que l'on voit habituellement au cinoche (Adrienne Barrett, la secrétaire du réal !), l'absence de dialogues et cette superbe musique (George Antheil). Le gars est très doué, son film parait être un long rêve sorti d'un film de Buñuel. Ses images sont immédiatement parlantes, chaque plan expriment une idée. Surpris et conquis par ce film de plus d'un demi siècle, qui aurait pu être casse gueule mais qui est passionnant, mû par l'intuition, réalisé avec brio, qu'on sent sans compromis. (vu en 2020)

17 juillet 2020

La Belle de Saïgon (Red dust) 1932 Victor Fleming

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Très chouette petit film sans prétention. On y voit un Clark Gable beau mec et viril en diable, entrepreneur raciste, quand même, plutôt porté sur la chose, quand même, mais équipé d'un sens moral qui, disons, ajoute une dimension à son personnage. La jungle de studio est exotique et moite, l'histoire est pas compliquée... Mais tout ça ne serait rien sans la présence de Jean Harlow (Vantine, sympa), plus blonde que blonde, sensuelle evidememnt, et qui a toutes les bonnes répliques, en plus. Elle est le négatif de Mary Astor, qui joue le jeu de la respectabilité mais cède bien vite aux avances  du Clark. (vu en 2020)

18 août 2021

The Strangers (Gokseong) 2016 Hong-jin Na

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Jong-goo est un flic de campagne coréen, c'est-à-dire pas très futé. Il est confronté à une série de morts bien dégueu, est-ce une maladie ou l’œuvre d’un démon ? Il a vite fait de mettre ça sur le dos d’un vieux japonais qui vit en ermite dans la montagne toute proche. Ce serait assez dur à résumer tant le film emprunte différentes pistes et procède en rupture de ton. On s’embarque pour quelques tours de montagnes russes pendant plus de deux heures et demi remarquablement bien tenues. Le film est souvent drôle, et quand, au cours d’une conversation flippante qu’ont deux flics, la foudre retentit juste quand il faut, on se dit que tout ça n’est pas très sérieux. Mais c’est pour mieux nous prendre à contre pied, car l’humour laisse peu à peu place à une horreur très premier degré. Donc on doute, on est dans la distance, mais il se trouve que la clef derrière cela est simple, directe, ce qui nous fait dire que, finalement, c’était pour de vrai. Le doute est précisément ce qui dicte les actes de Jong-goo, ce à quoi il cède, il ne mène pas d’enquête, c’est lui qui est mené, réagissant plutôt qu’agissant. Le film terminé on est laissé avec les personnages du chaman et de la femme en blanc dont le rôle est obscur. Et que dire de ce démon qui prend ses victimes en photo avec un minolta automatique tout con ? Il y a donc beaucoup, de styles, de figures, de directions, de questions et quelques réponses, sans que l’on sente que c'est trop. Un des meilleurs films d’horreur de ces dernières années. (vu en 2021)

18 août 2021

Adults in the Room 2019 Costa-Gavras

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La lutte de Yanis, ministre de l’économie grecque, alors sous perfusion européenne, ou plutôt sous le joug européen comme il le prétend, puisqu’il accuse l’europe de renflouer ses grosses banques déficitaires avec la dette grecque. On se doute bien du parti pris du film, comment croire un instant que ce personnage héroïque et hautement charismatique soit à l’image du vrai Yanis Varoufakis ? Mais Costa-Gavras fait du cinéma avant tout, et bien, ces deux heures de luttes verbales dans des salons, bureaux et salles de réunion, montées comme un ballet, sont assez passionnantes. C’est un brin manichéen et le drame grec est finalement peu présent, mais tous les moyens sont bons pour rendre accessible le fonctionnement de l’impitoyable machine économique européenne, vrai sujet du film. (vu en 2021)

18 août 2021

Clair de femme 1979 Costa-Gavras

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Michel rencontre Lydia, ils tout deux en deuil, lui de sa femme, elle de son fils. En initiant une nouvelle relation sentimentale avec cette femme, c’est comme si son histoire à lui se réincarnait, comme s’il retrouvait en Lydia sa défunte épouse, dans un espèce de mystique de l’eternel féminin, un transfert qu’il opère consciement. C’est difficile de mettre des mots sur cette histoire, elle semble échapper au rationnel, sans pour autant tomber dans le surnaturel (surréaliste alors ? Ouais...). Le hasard est de la partie mais n’en est pas vraiment. Michel place sa foi en dehors des usages qui voudraient qu’il fasse son deuil, qu’il partage celui de Lydia, il se laisse conduire par son désir de vivre, de continuer, de transcender le décès de son épouse, il suit les rencontres fortuites, elles doivent forcément avoir un sens, puis qu’il est tombé sur Lydia quand il fallait. Costa-Gavras n’en rajoute pas dans le funèbre et le tragique, Montand, pas un acteur que j'adule, et Schneider, toujours aussi... Schneider, montrent qu'ils ne sont pas des manches, pourtant il me semble que quelque chose ne colle pas, peut-être que le film garde quelque chose de trop littéraire, dans ses dialogues, sa construction. On ne sait tout du long sur quel pied danser, on se demande ce que ces personnages secondaires font là, du dresseur de chiens à la belle-mère russe, en passant par les flics et l’avocat. Sans doute que chacun y verra le film qu’il veut, histoire d’amour, drame existentiel ou je ne sais quoi. (vu en 2021)

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